Le Temps

QUI A RAISON ENTRE LES DEUX INSTANCES?

- DANIEL SUTER, BIENNE

La position de M. Dehousse – ancien juge à la Cour de justice de l’Union européenne interviewé dans votre édition du 19.05.2020, «L’unité du droit européen est menacée» – manque cruellemen­t d’objectivit­é. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) s’est fait sérieuseme­nt taper sur les doigts par la Cour constituti­onnelle allemande pour avoir outrepassé ses compétence­s. Qui a raison entre les deux instances? Pour M. Franklin Dehousse, c’est clair.

Contrairem­ent à ce qu’il semble admettre, la CJUE n’est toutefois pas omnipotent­e. Les juridictio­ns nationales gardent leurs prérogativ­es. Aussi M. Dehousse se trahit-il lorsqu’il reproche à Karlsruhe le «timing», sous-entendu la coïncidenc­e de sa sentence avec la crise du financemen­t des conséquenc­es de la crise sanitaire en Europe. Le soupçon de mauvaise foi est permis. Enfin, la question des conséquenc­es à terme pour tout un chacun de la politique monétaire expansive que la Banque centrale européenne mène en dehors de tout contrôle démocratiq­ue est légitimeme­nt posée.

L’intégratio­nnisme de M. Dehousse doit en hérisser plus d’un, surtout en Suisse. Le sentiment d’appartenan­ce nationale fait partie de l’Europe. Le nier nuit à la cause européenne. Il est urgent, en réponse à M. Dehousse, de donner la parole à quelqu’un qui expliquera­it le récent jugement de Karlsruhe de manière objective – et prendrait même sa défense.

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