Un assouplissement sous condition
DAvec l’assouplissement des mesures de lutte contre le coronavirus, le Conseil fédéral a fait entrer le pays dans une nouvelle phase de cette crise si particulière. Réunions spontanées à 30 personnes, manifestations à 300, restaurants quasiment libérés de toute contrainte, ouverture des frontières avec certains voisins: la Suisse fait «un pas en avant», pour reprendre les mots d’Alain Berset, dont toutes les formules sont désormais scrutées.
Cet apaisement a trouvé une expression symbolique lors de la conférence de presse gouvernementale. Le longiligne Daniel Koch n’accompagnera plus les Suisses dans les méandres de cette pandémie comme il le faisait depuis le début. Le responsable de la task force bernoise peut enfin prendre sa retraite, prévue en mars dernier mais prorogée par le virus.
Le bol d’air frais annoncé par le Conseil fédéral était espéré par la population helvétique: parents en attente de confirmer l’inscription de leurs enfants en camps de vacances, estivants ayant planifié de se baigner dans la Méditerranée, acteurs culturels piaffant de se produire devant un public, sportifs auxquels les longueurs de piscine manquaient profondément, entrepreneurs du tourisme. Tous ont désormais une réponse. La vie – du moins celle que l’on a rêvée durant ces longues semaines de semi-confinement – peut enfin reprendre. Cette accélération est un plaisir en soi.
Cet avant-goût de liberté a un prix: celui du respect de règles de sécurité sanitaire. La barrière de 2 mètres nous est désormais familière. Il faut continuer à l’observer, a prévenu le Conseil fédéral. Lorsque cela n’est pas possible, un autre réflexe doit naître. Savoir qui a fréquenté quelle réunion de groupe devient la «nouvelle normalité» d’un monde où le traçage des nouveaux cas positifs doit permettre de contenir un ressac tant redouté. L’obligation de décliner son identité au restaurant lorsque la tablée dépasse quatre convives l’illustre bien. On demande à vérifier si cela sera possible en boîte de nuit également. La phase ascendante de la crise a été faite d’incertitudes, sa phase descendante s’annonce également périlleuse.
Une surveillance, point par point, plane donc sur nos vies. Après nous avoir privés en bonne partie de notre liberté, le 13 mars dernier, le Conseil fédéral nous la rend ce 27 mai, toujours partiellement. Ces nouvelles annonces nous font quitter une situation somme toute assez confortable où Berne décidait de tout. L’avenir du pays dépend désormais très concrètement de ce que chacun va faire de son autonomie retrouvée.
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Cet avant-goût de liberté a un prix