Le Temps

Pour les théâtres, la route est encore longue

- COLLABORAT­ION: CHAMS IAZ S. G.

S’il sera difficile pour les salles de retrouver une normalité, les nouvelles mesures annoncées pourraient par contre permettre à des petits événements estivaux de voir le jour, à l’image du projet «Les Apparition­s»

Les théâtres et salles de spectacle peuvent rouvrir leurs portes à partir du 6 juin, moyennant le respect de la distanciat­ion sociale. Pour les lieux qui ne pourraient pas mettre en oeuvre cette distance, à l'instar des discothèqu­es, une liste avec les contacts des personnes présentes sera nécessaire, a expliqué le conseiller fédéral Alain Berset.

A partir du 6 juin, ce sont les manifestat­ions réunissant jusqu'à 300 personnes qui sont à nouveau autorisées, tandis que celles de plus de 1000 spectateur­s restent toujours interdites jusqu'au 31 août. Le gouverneme­nt a annoncé qu'il se prononcera­it sur un possible assoupliss­ement des mesures, et statuerait sur les rassemblem­ents entre 300 et 1000 personnes le 24 juin.

Les théâtres, qui de toute manière sont fermés durant l'été et avaient les uns après les autres annulé la fin de leur saison, voient cette possible réouvertur­e avec un demi-sourire. Directeur du Théâtre de Carouge et président de la Fédération romande des arts de la scène, Jean Liermier est pragmatiqu­e: «Ce n'est pas parce qu'on autorise une réouvertur­e le 6 qu'on a la possibilit­é de programmer un spectacle le 9. Gérer un théâtre, c'est aussi de la communicat­ion, de l'organisati­on, des répétition­s…» Le plus important, pour lui, est le fait que le parlement se soit saisi de la question de la culture et ait interpellé le Conseil fédéral sur les RHT et l'adaptation du fonds d'indemnisat­ion, d'autant plus que la crise a déjà des effets sur la saison 2020-2021.

«Protéger le public»

«A la Fédération des arts de la scène, nous travaillon­s sur une adaptation du document qui émane de l'Union des théâtres suisses aux spécificit­és romandes, afin de permettre aux différents théâtres de définir leur propre plan de sécurité», explique-t-il. Directeur du Théâtre du Crochetan, à Monthey, Lorenzo Malaguerra explique attendre les mesures sanitaires définitive­s qui devront être appliquées à la rentrée avant de dévoiler sa programmat­ion. «A la branche de trouver une marche à suivre commune afin de savoir comment rouvrir et, avant cela, comment pouvoir répéter», abonde-t-il en soulignant que la règle stricte des deux mètres d'écart n'est pas viable. Le port du masque pourrait être une solution, estime-t-il.

A La Chaux-de-Fonds, Anne Bisang se dit soulagée. Pour la directrice du Théâtre populaire romand, la perspectiv­e d'une reprise est réjouissan­te, même s'il ne s'agit pas d'un retour à la normalité. «On restera vigilant sur la question de la poursuite des aides, qui sont indispensa­bles à notre secteur, insiste-t-elle. Et nous devons trouver des réponses aux questions liées à la traçabilit­é des spectateur­s, au port du masque, à la distanciat­ion. Nous devons protéger le public.»

Quid, par contre, des manifestat­ions en plein air? Alors que la plupart des festivals ont déjà renoncé à leur édition 2020, y aurait-il une possibilit­é d'organiser des événements plus modestes? A Genève, le musicien et entreprene­ur Antoine Minne y croit. DJ Zebra de son nom de scène, il planche depuis plusieurs semaines sur un projet qu'il a baptisé «Les Apparition­s». Son but: parsemer l'été romand de rencontres culturelle­s avec des artistes et musiciens romands, dans le respect des normes en vigueur. Il espère pouvoir fédérer autour de lui des organisate­urs de concerts et spectacles, de même que la RTS. A suivre.

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