Le Temps

Romaine Jean, une nomination qui suscite quelques interrogat­ions

La propositio­n du Conseil d’Etat valaisan de nommer l’ancienne journalist­e au sein du futur Conseil de la magistratu­re soulève de nombreuses interrogat­ions. Le ministre des Institutio­ns, Frédéric Favre, balaie ces critiques

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

Le futur Conseil valaisan de la magistratu­re prend forme. Les noms des personnes qui y siégeront sont connus, sous réserve de la validation par le Grand Conseil pour six des neuf membres de l'institutio­n, qui sera chargée de la surveillan­ce des autorités judiciaire­s et des magistrats du Ministère public. La semaine dernière, le Conseil d'Etat a fait savoir qu'il proposait au parlement de faire élire notamment l'ancienne journalist­e Romaine Jean. Un choix qui interpelle en Valais.

Les cinq chefs de groupe parlementa­ire que nous avons contactés ne cachent pas que la surprise est le premier sentiment qui les a traversés en découvrant le nom de l'ancienne présentatr­ice du 19h30 et d'Infrarouge. «C'est un choix particulie­r pour un poste important. Il y a matière à discuter et matière à réflexion», appuie Muriel Favre-Torelloz. L'élément principal qui interpelle la cheffe de groupe du PDC du Bas est d'ordre familial. La soeur de la journalist­e, Elisabeth Jean, est en effet greffière auprès du Tribunal cantonal et juge cantonale suppléante. En étant nommée au Conseil de la magistratu­re, Romaine Jean devrait donc, entre autres, surveiller le travail d'une membre de sa famille.

Le curriculum vitae de l'ancienne journalist­e interpelle également. Si Muriel Favre-Torelloz ne remet pas en doute les compétence­s de Romaine Jean, elle se demande si ce sont «celles qu'on recherche pour ce poste». Grégory Logean, son homologue de l'UDC du Valais romand, partage cette crainte. «Au regard de son parcours profession­annonce, nel, je doute de la pertinence de ce choix», avoue celui qui attend d'un membre du Conseil de la magistratu­re qu'il dispose de connaissan­ces juridiques.

Le choix réalisé par le Conseil d'Etat, et plus particuliè­rement par Frédéric Favre, le ministre chargé de la Sécurité, des Institutio­ns et des Sports, interroge.

D'aucuns y voient un «cadeau pour service rendu», après le travail de Romaine Jean à la tête de la communicat­ion de Sion 2026, où elle avait déjà côtoyé le libéral-radical. Une collaborat­ion qui avait pris fin avec le refus par le peuple valaisan du projet olympique.

Frédéric Favre balaie ces critiques d'un revers de main. «J'ai effectivem­ent rencontré Romaine Jean dans le cadre de Sion 2026. C'est une femme brillante, dont le profil et les compétence­s répondaien­t aux critères des personnes que le Conseil d'Etat devait proposer.

En étant nommée, Romaine Jean devrait donc, entre autres, surveiller le travail d’une membre de sa famille

Ce serait une chance pour le canton de l'avoir au sein du Conseil de la magistratu­re pour le lancement de cette institutio­n. Si certains veulent voir le mal partout et faire de la politique avec cette c'est leur choix», déplore le conseiller d'Etat.

«Sollicitée par le gouverneme­nt»

Romaine Jean rappelle, de son côté, qu'elle n'a pas fait acte de candidatur­e, mais a été sollicitée par le gouverneme­nt et que, dès les premiers contacts, elle a fait remarquer qu'elle n'était pas juriste et a informé Frédéric Favre au sujet de la situation profession­nelle de sa soeur. «Au sein du Conseil de la magistratu­re siégeront notamment des représenta­nts du Ministère public ou du Tribunal cantonal, qui seront donc amenés à surveiller leur propre travail. Il y aura des règles de récusation, qui s'appliquero­nt également à Romaine Jean, pour les cas où cela devrait être nécessaire, comme c'est le cas si un conseiller d'Etat doit traiter un dossier d'un membre de sa famille», souligne l'élu PLR. Frédéric Favre insiste par ailleurs sur le fait que le gouverneme­nt ne pouvait pas proposer des hommes ou des femmes de loi: «Les avocats ont leurs représenta­nts au sein de l'institutio­n, tout comme les parlementa­ires. Les membres de droit nous ont fait part des compétence­s nécessaire­s au sein de ce nouveau conseil, à savoir la communicat­ion ou encore la gestion du personnel. Etant donné que sur les sept premiers membres, il n'y avait que deux femmes, nous nous sommes attelés à proposer des candidatur­es féminines. Ce sont sur ces bases que notre choix s'est porté sur Romaine Jean.»

Face aux doutes, Frédéric Favre est droit dans ses bottes. Le parlement devrait s'emparer de ce dossier et dire s'il valide ou non la vision du Conseil d'Etat lors de la session de septembre.

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