Le Temps

PRÉTENDRE REMPLACER CE QUI SE PASSE EN CLASSE

- MARILYNE BERTOIA GROFF, PROFESSEUR­E AU LYCÉE BLAISE-CENDRARS, LA CHAUX-DE-FONDS (NE)

Le numérique, notoiremen­t catastroph­ique en termes d’impact écologique, ne saurait être à aucun égard une solution pédagogiqu­e de rechange. Tout au plus peut-il s’avérer être un palliatif, en cas d’incapacité de l’enseignant.e à assurer sa tâche en présentiel. Il pourrait en outre être intéressan­t à utiliser avec parcimonie, à distance temporelle raisonnabl­e. Mais aucun ordinateur, aucun programme aussi bien ficelé soit-il ne peut prétendre remplacer ce qui se passe en classe.

C’est dans le moment présent, par l’échange, que jeunes et adulte entrent en résonance. La connaissan­ce se transmet via la relation que chacun.e peut avoir avec son enseignant.e, avec cela de non programmab­le que toute rencontre humaine est forcément riche d’imprévus, d’improvisat­ions, d’émotions. Cela est d’autant plus vrai des branches «humanistes», telles que la littératur­e, l’histoire ou la philosophi­e.

La seule impression que laissera cette période est celle d’un grand vide. L’enseigneme­nt est en effet un art vivant. La connaissan­ce, ce n’est que de la matière à l’état brut. Les compétence­s, qu’un faisceau de théories à mettre en pratique. Seule l’instantané­ité de la leçon donnera corps à ces enjeux de toute pédagogie, les inscrivant dans la mémoire de l’étudiant.e comme des traits relatifs à tel ou telle professeur.e.

On ne peut que déplorer qu’une société pourtant aussi alertée que la nôtre à la dangereuse séparation entre nature et culture puisse encore décemment miser sur l’éducation numérique. Vos lettres ne doivent pas excéder 1500 signes (espaces compris). Vos commentair­es sont les bienvenus!

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