Vers un effort climatique plus marqué en Suisse
Le Conseil national a repris l’examen de la loi sur le CO2. Il estime que 75% des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent être prises en Suisse
Le Conseil national est prêt à aller un peu plus loin que le Conseil fédéral pour protéger le climat. Il a confirmé mardi que le paquet de mesures doit viser un réchauffement maximal de 1,5°C et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030 par rapport à 1990. Il n’a pas suivi les Verts, qui voulaient davantage. Par 111 voix contre 86, il a cependant décidé que 75% des mesures prises pour réduire les émissions polluantes devaient l’être en Suisse et seulement 25% à l’étranger. Le Conseil fédéral avait estimé qu’un quota de 60% de mesures internes était suffisant, les 40% restants pouvant être atteints par des programmes climatiques à l’étranger. Il n’est toutefois pas certain que le Conseil des Etats, plus conservateur que le National dans sa nouvelle composition, confirme cette option.
C’est la seule décision concrète prise par le Conseil national.
Celui-ci a repris mardi l’examen de la loi sur le CO2, qu’il avait torpillée en décembre 2018, dans son ancienne composition. Il est entré en matière par 140 voix contre 51. L’opposition vient essentiellement de l’UDC et elle perdurera jusque dans les urnes. Le lancement d’un référendum semble de plus en plus vraisemblable. Christian Imark
Au centre, une majorité se dégage pour dire qu’il ne faut pas surcharger le bateau
(UDC/SO) estime que le texte législatif proposé est le résultat du travail de ceux qu’il appelle les «lobby-socialistes». «Nous venons de voter 57 milliards de francs pour alléger les charges de l’économie et vous voulez maintenant imposer des milliards de nouvelles taxes et de nouveaux impôts à la société. La contradiction est totale», enchaîne Mike Egger (UDC/SG), qui fait allusion à l’augmentation des prélèvements prévus sur les combustibles, les carburants et les billets d’avion.
Le grand écart
A gauche, le son de cloche est très différent. «Le message délivré lors des élections fédérales, que nous avons gagnées, était clair: vous, parlementaires, vous devez agir pour que le climat ne se réchauffe plus», résume la cheffe du groupe des Verts, Aline Trede. «Nous nous sommes préoccupés de nos aînés lors de la crise du coronavirus, nous devons maintenant nous préoccuper de l’avenir de nos enfants, enchaîne Delphine Klopfenstein Broggini (Verts/GE). Elle fait écho aux manifestations en faveur du climat et aux revendications des grévistes du climat, qui réclament un effort plus marqué.
Le grand écart entre le camp rose-vert et la droite conservatrice jalonnera le parcours qui conduira la loi sur le CO2 jusqu’aux urnes. Au centre, une majorité se dégage pour dire qu’il ne faut pas surcharger le bateau afin d’assurer le succès des nouvelles règles devant le peuple. Les décisions concrètes les plus controversées, celles qui portent sur le montant des taxes prélevées sur les chauffages à mazout, l’essence, le diesel et les déplacements en avion, sont attendues mercredi.
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