Le Temps

Ian Taylor, président de Vitol, est décédé

- RICHARD ÉTIENNE @RiEtienne

Ian Taylor a dirigé le négociant privé genevois de 1995 à 2018 et l’a transformé en un poids lourd du secteur. Il figure parmi les personnage­s qui ont marqué le monde du trading, en Suisse et dans le monde

Ian Taylor, le président de Vitol, est décédé d’une pneumonie à l’âge de 64 ans à la suite d’une longue bataille avec la maladie, a annoncé le groupe genevois de négoce mardi. Le Britanniqu­e avait été le directeur général de Vitol de 1995 à 2018, un rouage clé dans la transforma­tion de ce qui était une modeste entreprise en un géant du commerce des hydrocarbu­res, rivalisant avec des poids lourds tels que BP, Shell et le groupe zougois Glencore.

«Ian [Taylor] était un homme exceptionn­el. Il mélangeait énergie et déterminat­ion pour réussir avec humilité, humour et humanité. Il nous a tous mis au défi d’être les meilleurs possible», indique Russell Hardy, directeur général de Vitol, dans un communiqué.

Celui qui a fait ses classes à l’Université d’Oxford a commencé sa carrière chez Shell en 1978 en Amérique du Sud puis en Asie du Sud-Est, avant de rejoindre les rangs de Vitol en 1985. En 2007, sa réputation est entachée à la suite d’accusation­s américaine­s selon lesquelles Vitol aurait grassement payé l’ancien régime irakien. Le groupe plaidera coupable devant la justice new-yorkaise. Ian Taylor se fait aussi remarquer en allant en Libye début 2011, un pays alors en guerre civile, pour négocier avec les opposants du colonel Kadhafi un contrat selon lequel Vitol fournirait de l’essence contre du pétrole brut. Sous sa conduite, Vitol a aussi violé en 2012 un embargo américain en vendant du pétrole iranien.

Le géant de la logistique recense des équipes de négoce de Genève à Singapour en passant par Houston et des citernes à travers le globe. Il achète et vend des hydrocarbu­res, les traite, les stocke et les transporte partout. En 1995, il génère un profit annuel de 22,5 millions de dollars, un montant qui culminera à 2,28 milliards en 2009 et, en un demisiècle, jamais il n’a affiché de perte, selon la presse anglosaxon­ne.

Au cours de la dernière décennie, 350 de ses employés ont pu se partager 10 milliards de dollars en bonus. Ian Taylor figurait parmi les Britanniqu­es les plus riches. En 2016, il décline une propositio­n d’être anobli par le premier ministre britanniqu­e d’alors. Deux ans plus tard, quand il cède sa place de directeur général de Vitol, le groupe négocie 8 millions de barils par jour.

Une figure du négoce

Comme l’actuel patron de Glencore, Ivan Glasenberg, et le fondateur du groupe genevois Trafigura, Claude Dauphin (décédé en 2015), Ian Taylor est considéré comme une figure du négoce. «Il était un des derniers pionniers qui ont participé à la transforma­tion du trading», a déclaré Ivan Glasenberg à Bloomberg mardi. Contrairem­ent à Glencore, qui est entré en bourse, Vitol demeure une entreprise privée.

PRÉSIDENT DE VITOL

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IAN TAYLOR

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