Le Temps

Parasitée par la crise du Covid-19, la nouvelle stratégie d’ABB attendra

- RACHEL RICHTERICH @RRichteric­h

Le nouveau patron du groupe technologi­que a confirmé ses objectifs de croissance et prévoit de passer en revue la pertinence de chaque domaine d’activité. Les détails sur d’éventuelle­s cessions seront dévoilés cet automne

Il serait temps de «délivrer», comme on dit, dans le jargon financier. ABB a vendu ses activités historique­s dans le transport d’énergie (Power Grids), en promettant de se muer en un groupe technologi­que de premier plan, à la pointe de l’automatisa­tion et de la robotique. C’était fin 2018.

Entre-temps, le géant basé à Zurich a changé de patron. Le Suédois Björn Rosengren, décrit par les analystes comme l’«homme idéal» pour concrétise­r cette refonte, a pris ses fonctions début mars, en pleine crise sanitaire, avec dès lors comme priorité celle d’en gérer les conséquenc­es. C’est dire si la première présentati­on publique de ses objectifs mercredi était suivie, en ligne, par des analystes du monde entier.

Il leur faudra patienter encore. «Nous sommes toujours aux prises avec ce défi de très court terme que représente la pandémie de coronaviru­s. Notre priorité, c’est d’intensifie­r nos efforts pour garantir la sécurité de nos collaborat­eurs et nos clients, tout en nous efforçant d’atténuer les effets de la crise sur nos activités», a d’emblée averti Björn Rosengren, lors d’une conférence en ligne. Le groupe, qui s’attend à affronter «plusieurs trimestres difficiles» en raison de la crise sanitaire couplée à la chute des prix du pétrole, dit ainsi avoir ajusté ses capacités de production et accru le nombre de visites virtuelles de clients.

Le nouveau patron a cependant confirmé les objectifs à moyen

DIRECTEUR GÉNÉRAL D ABB

«Nous devons créer une culture de la performanc­e dans ce groupe»

terme de l’entreprise, qui avaient été annulés en début d’année: il table sur une croissance de 3-6% et une marge opérationn­elle comprise entre 13 et 16%. La vente de Power Grids pour 9,1 milliards de dollars au groupe japonais Hitachi devrait être finalisée, comme prévu, d’ici à la fin du deuxième trimestre et la somme allouée à un programme de rachat d’actions.

La «création de valeur», promise par le nouveau dirigeant? Ce sera pour plus tard. «Il a pour habitude de stabiliser l’entreprise, avant de démarrer une stratégie de croissance», décrit Julien Stähli, responsabl­e de la gestion discrétion­naire à la banque Bonhôte, se référant à son précédent mandat à la tête du groupe suédois d’ingénierie Sandvik. ABB achève un plan d’économies de 500 millions de dollars, dont il attend les bénéfices pour le courant de 2021.

«Aucune acquisitio­n majeure prévue à moyen terme»

Ainsi, «aucune acquisitio­n majeure n’est prévue à moyen terme», a balayé Björn Rosengren. Il a levé un coin de voile sur la suite, indiquant avoir isolé en 18 unités chacun des domaines d’activité du groupe aux 147000 employés, actif dans plus de 100 pays.

Leur performanc­e sera passée en revue de manière «transparen­te», pour que «chacune de ces divisions soit numéro un ou deux dans son segment de marché respectif. Nous devons créer une culture de la performanc­e dans ce groupe», a insisté le Suédois de 61 ans. ABB évaluera aussi la pertinence de conserver certaines activités dans son portefeuil­le. «Ce faisant, il met davantage l’accent sur la rentabilit­é, plutôt que sur la croissance», gage d’une meilleure assise sur le long terme, commente Nicolas Bürki de Mirabaud Asset Management.

«Les détails sur cette nouvelle orientatio­n divisionna­ire, ainsi que de potentiell­es cessions, seront annoncés lors d’une grande journée des investisse­urs en novembre», a promis Björn Rosengren. Ses annonces ont un peu soutenu le cours de l’action, qui se redressait à 0,5% en milieu d’après-midi, avant de boucler sur une note négative (-0,19%), tandis que le SMI perdait 0,37%.

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(GIANLUCA COLLA/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES) L’usine de semi-conducteur­s d’ABB à Lenzbourg (AG). Le groupe a dans le passé été critiqué pour le décalage entre son potentiel dans l’industrie 4.0 et ses résultats jugés décevants.
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BJÖRN ROSENGREN

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