Batailles principales au féminin lors des municipales françaises
Finalement organisé le 28 juin, le second tour des élections municipales françaises verra, dans plusieurs grandes villes, s’affronter des candidates. A commencer par Paris et Marseille
Les «Madame le maire» vont devenir de plus en plus fréquents en France, à l’issue du second tour des élections municipales dimanche 28 juin. Seulement 15% des 35000 communes du pays doivent encore élire leur Conseil municipal, qui désignera ensuite leur maire pour les six prochaines années – un chiffre qui trahit le nombre de communes de moins de 1000 habitants, qui représentent 71% du total, où il arrive souvent qu’une seule liste se présente devant les électeurs, automatiquement élue au premier tour. Mais la campagne électorale bat son plein dans les métropoles. Quarante-sept des 53 villes françaises de plus de 100000 habitants n’ont pas vu de vainqueur porter la majorité à la sortie des urnes lors du premier tour, le 15 mars dernier. Or dans ces villes, plusieurs batailles opposeront pour la première fois des femmes, qui constituent 39% des conseillers municipaux sortants… mais seulement 17% des maires. C’est notamment le cas à Paris et à Marseille, les première et deuxième villes de l’Hexagone.
A Paris, la forteresse Hidalgo prise d’assaut
Dans la capitale, la reine du scrutin se nomme Anne Hidalgo. Les listes de la maire sortante PS (le scrutin parisien a lieu par arrondissements et l’élection du maire est ensuite l’affaire du Conseil de Paris) ont réussi à atteindre 30,2% des voix au premier tour, malgré un bilan très «clivant» et une réputation d’intransigeance décrite dans plusieurs ouvrages dont Sainte Anne! (Ed. Albin Michel), une enquête à charge des journalistes Airy Routier (décédé ces jours-ci) et Nadia Le Brun.
Son alliance avec les écologistes lui garantit a priori une réélection facile dimanche prochain, face à deux autres candidates: l’ancienne ministre – sous la présidence Sarkozy – Rachida Dati pour la droite (22% des voix au premier tour) et Agnès Buzyn, l’ex-ministre de la Santé démissionnaire en pleine crise du Covid-19 de l’actuel gouvernement (17% des voix). Trois femmes pour accéder à cet Hôtel de Ville des bords de Seine dont Anne Hidalgo fut la première maire au féminin, élue en 2014 après avoir été l’adjointe de son prédécesseur, le socialiste Bertrand Delanoë.
«Le symbole est important. Paris se conjugue au féminin et en vert. C’est cela, malgré toutes les critiques, la modernité de notre ville», expliquait ces jours en campagne son allié et adjoint écologiste David Belliard. Le duel parisien au féminin est toutefois une réédition: en 2014, l’actuelle maire l’avait emporté au second tour contre son adversaire Nathalie Kosciusko Morizet.
A Marseille, la bataille post-Gaudin
Autre refrain au féminin sur la Canebière et sur le Vieux-Port, où le duel entre les deux candidates à la mairie de Marseille, laissée libre par le départ de l’historique Jean-Claude Gaudin (maire depuis 1995), est en train de tourner à la guerre ouverte, sur fond de soupçon de malversations sur les procurations.
A droite, Martine Vassal: la dauphine de Gaudin, longtemps donnée favorite. Très à gauche: Michèle Rubirola, à la tête d’une liste d’union soutenue par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Plus qu’un affrontement: un duel de deux itinéraires dans le grand port méditerranéen où une femme n’a jamais dirigé l’Hôtel de Ville.
Entrepreneuse, diplômée de l’Ecole de commerce de Marseille, Martine Vassal mise sur la peur du «péril rouge» dans cette ville où la gauche radicale rime avec les syndicats d’éboueurs ou les dockers du port, souvent en grève.
Dans les plus grandes villes du pays, les femmes constituent 39% des conseillers municipaux sortants… mais seulement 17% des maires
Médecin généraliste, petite-fille d’immigrés espagnols, Michèle Rubirola est son antithèse. «Son» Marseille est celui des quartiers populaires dans lesquels elle a exercé. Or le Covid-19 est passé par là. La popularité du professeur Didier Raoult, le médecin épidémiologiste directeur de l’Institut Méditerranée Infection, a fait de la santé un enjeu majeur. Avec, en arrière-plan, l’ouverture, début juin, d’une enquête préliminaire pour «faux et usage de faux» sur l’utilisation, par l’équipe de la candidate de droite – qui a démenti et s’est distanciée de ses pratiques –, de «procurations simplifiées» permettant aux personnes âgées dépendantes de voter plus facilement...
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