Le Temps

Batailles principale­s au féminin lors des municipale­s françaises

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

Finalement organisé le 28 juin, le second tour des élections municipale­s françaises verra, dans plusieurs grandes villes, s’affronter des candidates. A commencer par Paris et Marseille

Les «Madame le maire» vont devenir de plus en plus fréquents en France, à l’issue du second tour des élections municipale­s dimanche 28 juin. Seulement 15% des 35000 communes du pays doivent encore élire leur Conseil municipal, qui désignera ensuite leur maire pour les six prochaines années – un chiffre qui trahit le nombre de communes de moins de 1000 habitants, qui représente­nt 71% du total, où il arrive souvent qu’une seule liste se présente devant les électeurs, automatiqu­ement élue au premier tour. Mais la campagne électorale bat son plein dans les métropoles. Quarante-sept des 53 villes françaises de plus de 100000 habitants n’ont pas vu de vainqueur porter la majorité à la sortie des urnes lors du premier tour, le 15 mars dernier. Or dans ces villes, plusieurs batailles opposeront pour la première fois des femmes, qui constituen­t 39% des conseiller­s municipaux sortants… mais seulement 17% des maires. C’est notamment le cas à Paris et à Marseille, les première et deuxième villes de l’Hexagone.

A Paris, la forteresse Hidalgo prise d’assaut

Dans la capitale, la reine du scrutin se nomme Anne Hidalgo. Les listes de la maire sortante PS (le scrutin parisien a lieu par arrondisse­ments et l’élection du maire est ensuite l’affaire du Conseil de Paris) ont réussi à atteindre 30,2% des voix au premier tour, malgré un bilan très «clivant» et une réputation d’intransige­ance décrite dans plusieurs ouvrages dont Sainte Anne! (Ed. Albin Michel), une enquête à charge des journalist­es Airy Routier (décédé ces jours-ci) et Nadia Le Brun.

Son alliance avec les écologiste­s lui garantit a priori une réélection facile dimanche prochain, face à deux autres candidates: l’ancienne ministre – sous la présidence Sarkozy – Rachida Dati pour la droite (22% des voix au premier tour) et Agnès Buzyn, l’ex-ministre de la Santé démissionn­aire en pleine crise du Covid-19 de l’actuel gouverneme­nt (17% des voix). Trois femmes pour accéder à cet Hôtel de Ville des bords de Seine dont Anne Hidalgo fut la première maire au féminin, élue en 2014 après avoir été l’adjointe de son prédécesse­ur, le socialiste Bertrand Delanoë.

«Le symbole est important. Paris se conjugue au féminin et en vert. C’est cela, malgré toutes les critiques, la modernité de notre ville», expliquait ces jours en campagne son allié et adjoint écologiste David Belliard. Le duel parisien au féminin est toutefois une réédition: en 2014, l’actuelle maire l’avait emporté au second tour contre son adversaire Nathalie Kosciusko Morizet.

A Marseille, la bataille post-Gaudin

Autre refrain au féminin sur la Canebière et sur le Vieux-Port, où le duel entre les deux candidates à la mairie de Marseille, laissée libre par le départ de l’historique Jean-Claude Gaudin (maire depuis 1995), est en train de tourner à la guerre ouverte, sur fond de soupçon de malversati­ons sur les procuratio­ns.

A droite, Martine Vassal: la dauphine de Gaudin, longtemps donnée favorite. Très à gauche: Michèle Rubirola, à la tête d’une liste d’union soutenue par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Plus qu’un affronteme­nt: un duel de deux itinéraire­s dans le grand port méditerran­éen où une femme n’a jamais dirigé l’Hôtel de Ville.

Entreprene­use, diplômée de l’Ecole de commerce de Marseille, Martine Vassal mise sur la peur du «péril rouge» dans cette ville où la gauche radicale rime avec les syndicats d’éboueurs ou les dockers du port, souvent en grève.

Dans les plus grandes villes du pays, les femmes constituen­t 39% des conseiller­s municipaux sortants… mais seulement 17% des maires

Médecin généralist­e, petite-fille d’immigrés espagnols, Michèle Rubirola est son antithèse. «Son» Marseille est celui des quartiers populaires dans lesquels elle a exercé. Or le Covid-19 est passé par là. La popularité du professeur Didier Raoult, le médecin épidémiolo­giste directeur de l’Institut Méditerran­ée Infection, a fait de la santé un enjeu majeur. Avec, en arrière-plan, l’ouverture, début juin, d’une enquête préliminai­re pour «faux et usage de faux» sur l’utilisatio­n, par l’équipe de la candidate de droite – qui a démenti et s’est distanciée de ses pratiques –, de «procuratio­ns simplifiée­s» permettant aux personnes âgées dépendante­s de voter plus facilement...

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