Vision chinoise des droits humains contestée
La Chine a réussi à faire passer de justesse, lundi, une résolution au Conseil des droits de l’homme. Le texte insiste sur le rôle des Etats dans la protection des droits humains et minimise celui de la société civile
Après l’échec de la candidate chinoise Wang Binying lors de l’élection du directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, le pouvoir chinois prend la mesure de la résistance accrue à laquelle il fait face sur la scène multilatérale. Lundi, une résolution présentée au Conseil des droits de l’homme (CDH) par Pékin ironiquement appelée «win win» a passé de justesse: 23 votes pour, 16 contre et huit abstentions. En 2018, une résolution similaire passait facilement la rampe avec une seule opposition. Lundi, les dix Etats européens membres du CDH ont sèchement refusé la résolution intitulée «Promotion d’une coopération mutuellement avantageuse».
Même si Chine et Union européenne ont tenu un sommet virtuel lundi, «la coopération entre les deux puissances a été nulle en termes de droits humains. La Chine est devenue plus rigide», relève un diplomate européen. La résolution adoptée lundi vise à faire en sorte que les droits humains soient une affaire entre Etats et que la société civile soit le moins impliquée possible.
«Droit inaliénable»
Voici ce que dit le texte: «Chaque Etat a le droit inaliénable de choisir librement et de développer, conformément à la volonté souveraine de son peuple, ses propres systèmes politique, social, économique et culturel sans ingérence de la part d’aucun autre Etat ou acteur non étatique.»
Directeur du bureau genevois de Human Rights Watch, John Fisher le souligne: «De plus en plus d’Etats rejettent les efforts de la Chine visant à saper des droits (fondamentaux) par une approche qui est ni mutuelle, ni bénéfique, et encore moins coopérative. Le fait que la Chine a forcé le passage de la résolution en s’appuyant sur une minorité du CDH en dit long sur sa notion de coopération.»
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