Demain, tout changera encore
Le changement est la nouvelle normalité. Désormais, nous devons nous adapter à un environnement sans cesse mouvant: bouleversements technologiques, déboulonnage de nos totems politiques, lames de fond qui transforment la société et secouent nos existences.
La technologie tout d’abord. Elle a bousculé toutes les industries, nos rapports sociaux et la manière même de nous penser et de nous représenter. Notre contrat social cherche sa nouvelle définition. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous acceptions dans notre partie du monde de vivre dans un système démocratique basé sur une économie de marché. Désormais, de nombreuses fractions de la population ne s’estiment plus représentées par des politiciens pourtant élus, et le libéralisme économique se voit défié à cause de ses excès environnementaux et sociaux. Enfin, depuis fin 2017, nous vivons une révolution sociétale par an. Ce fut d’abord #MeToo, puis les marches pour le climat et désormais le soulèvement contre le racisme. A chaque fois, ce sont des déséquilibres graves de nos sociétés, connus depuis des décennies, qui reviennent au-devant de l’actualité et continueront de le faire tant qu’ils ne seront pas corrigés.
Tout cela sans même prendre en compte la pandémie. En janvier, qui d’entre nous aurait pu penser que nous allions passer plus de deux mois en confinement? Alors que nous subissons encore le Covid-19, ses conséquences vont initier ou accélérer des évolutions de notre économie. Les infrastructures et l’immobilier devront s’adapter. La robotisation va s’accélérer, l’humain apparaissant désormais comme le maillon faible, d’un point de vue sanitaire, de la production. Signe de ce changement de cap, de nouveaux principes se font jour. Notre manière de produire va ainsi passer du just in time ( juste à temps) au just in case (juste au cas où). Et pour analyser la solidité d’une entreprise, on se concentrera désormais sur la résilience plutôt que l’efficience.
Et demain? De nouvelles marches pour une autre cause laissée de côté? Une économie repensée de fond en comble? La paix éternelle ou, au contraire, la guerre qui menace dans chaque recoin des relations internationales? Personne ne le sait, pas même ceux qui sont de purs produits des derniers changements de paradigme. La preuve avec Donald Trump, qui semblait jusqu’ici ne jamais pouvoir être disqualifié, malgré toutes ses outrances.
Mais un petit virus aux immenses effets semble l’avoir laissé groggy après un meeting raté à Tulsa. Comme un boxeur qui a trouvé plus fort que lui. Signe que, même en période de changement, il ne faut pas toujours envisager le pire.
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