Le Temps

«Il faut évaluer les risques pour les deux grandes banques»

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Toute la branche salue le rôle subsidiair­e que jouera la Confédérat­ion et se dit prête à assumer ses responsabi­lités. La Finma et la BNS vont évaluer les conséquenc­es pour UBS et Credit Suisse

Le Conseil fédéral et le secteur de la finance sont unanimes: il faut laisser aux acteurs la responsabi­lité de réussir le virage de la durabilité des services financiers. «Il y a certes des pressions politiques pour que l’Etat fixe un cadre réglementa­ire, mais cela ne doit se faire que si le marché ne fonctionne plus, en bonne applicatio­n du principe de subsidiari­té», a déclaré vendredi le chef du Départemen­t fédéral des finances (DFF), Ueli Maurer, dans le cadre de la présentati­on d’un rapport visant à rendre la place financière suisse plus durable. Sa démarche est appuyée par tous les acteurs majeurs du secteur, en particulie­r par le directeur de l’Associatio­n suisse d’assurances (ASA), Thomas Helbling, et par celui de l’Associatio­n suisse des banquiers (ASB), Jörg Gasser.

«C’est une grande responsabi­lité, une occasion unique de démontrer que la Suisse, déjà leader dans le domaine, peut faire la différence et apporter la preuve que son engagement ne se limite pas à des paroles, mais comprend aussi des actes», commente Jörg Gasser. «Si le Conseil fédéral et la politique la soutiennen­t, la branche jouera ce rôle de leader. La coopératio­n entre tous les acteurs constitue le levier central. Mais il y a du pain sur la planche et beaucoup de questions restent ouvertes», reprend-il.

Détecter les cas d’écoblanchi­ment

Pour Mark Branson, directeur de l’Autorité de surveillan­ce des marchés financiers (Finma), l’accent doit être mis sur l’évaluation et la gestion des risques financiers liés à l’environnem­ent et au réchauffem­ent climatique. Il demande que des méthodes de mesure soient mises au point afin que les risques financiers puissent être identifiés dans la plus grande transparen­ce.

«Le changement climatique recèle des risques physiques. Lorsqu’il provoque des catastroph­es naturelles, cela génère des coûts élevés, et c’est un défi pour les entreprise­s d’assurances. Les établissem­ents financiers peuvent aussi être concernés par des risques dits de transition, lorsque des mesures contraigna­ntes de politique climatique sont prises. Nous travaillon­s étroitemen­t avec la BNS et la science pour évaluer ces risques de transition pour les deux grandes banques», détaille Mark Branson. Membre de la direction de la Banque nationale suisse, Andréa Maechler confirme: «La Finma et la BNS évalueront les risques climatique­s pour chaque banque.»

La Finma veille aussi au grain pour détecter les cas éventuels d’écoblanchi­ment (greenwashi­ng) qui pourraient induire les clients en erreur. Et la BNS s’attachera à l’évaluation des effets sur la stabilité des prix et des infrastruc­tures dont l’importance est jugée systémique pour la Suisse, complète Andréa Maechler. ▅

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