Le Temps

Un vent de colère souffle au sein du PLR genevois

- FATI MANSOUR @fatimansou­r

Les temps sont agités pour le ministre. Le président du parti veut des explicatio­ns au sujet des messages échangés avec Simon Brandt. Les statuts vont être révisés à la lumière de l’affaire. Et la députation est unanime pour le dissuader de se représente­r

Ça chauffe au sein du PLR genevois. L'échange de messages entre Pierre Maudet et Simon Brandt au sujet du financemen­t d'une soirée d'anniversai­re (ou de ses extras), révélé hier par Le Temps, a conduit le président du parti à convoquer les intéressés devant le comité directeur pour une explicatio­n. Bertrand Reich ne cache pas sa colère: «Notre prochaine séance du 6 juillet sera consacrée à leur fonctionne­ment à tous les deux, au respect des règles de bonne gouvernanc­e et aux agissement­s de la section ville. Je souhaite que la politique se fasse dans la transparen­ce et qu'on puisse se dire les choses sans réécrire des procès-verbaux et sans former des clans. Ce n'est pas acceptable.»

La conversati­on – qui évoque la modificati­on d'un PV, la mise au parfum des membres «sûrs» du comité, la mention d'un rappel imaginaire, les risques de telle ou telle manoeuvre ainsi que d'autres scénarios compliqués de paiements – a choqué le président. Au-delà du fond – on ne comprend toujours pas vraiment à quoi correspond cette histoire de facture puisque l'apéritif en question a été pris en charge par Manotel pour un montant d'environ 10000 francs et que Pierre Maudet dit ne pas se souvenir d'une discussion avec Simon Brandt à propos des dépenses de cette soirée –, c'est surtout l'ambiance complotist­e et la méthode du brouillage qui font bondir les instances dirigeante­s du parti.

Prévenir le casse-tête

«Ces échanges montrent qu'on essaye d'organiser a posteriori une situation en retouchant des pièces et en cachant les choses à certains membres. Il peut y avoir des divergence­s politiques légitimes au sein d'un parti, mais ce comporteme­nt est à l'opposé des valeurs d'une démocratie», ajoute Bertrand Reich.

Le président n'est pas le seul à qui la moutarde monte au nez. Le comité directeur, qui se réunissait ce lundi pour discuter des statuts, a émis un préavis favorable à certaines modificati­ons. C'est l'assemblée générale qui aura le fin mot en septembre. Le premier ajout est inspiré par la candidatur­e malheureus­e de Simon Brandt (lui aussi empêtré dans une affaire de violation du secret de fonction avec d'autres messages troublants à la clé), au conseil administra­tif lors des dernières élections du printemps. Cet article voudrait que tout prétendant à la mairie d'une ville de plus de 50000 habitants obtienne le feu vert du parti cantonal.

L'affaire Maudet a également conduit à diverses propositio­ns qui relèvent davantage du geste politique. Il s'agit de pouvoir suspendre provisoire­ment (ce qui n'est pas possible actuelleme­nt) ou exclure définitive­ment tout membre qui, par son comporteme­nt, compromet la réalisatio­n des buts, contrevien­t aux valeurs et nuit gravement à l'image et à la réputation du parti. Ainsi, l'ouverture d'une procédure pénale pourrait entraîner une suspension, et une condamnati­on une exclusion. C'est au comité directeur que reviendrai­t une telle décision, avec recours possible devant l'assemblée générale du parti.

Message fort

Last but not least, la députation PLR au Grand Conseil (27 élus et quatre suppléants), fâchée avec le conseiller d'Etat et sa manière de gérer le dossier du sauvetage du Salon de l'auto, a discuté d'avenir. Sans aller jusqu'à exclure le ministre des réunions ou à vouloir précipiter encore le calendrier des annonces fixé par le président du parti pour les prochaines élections, les députés ont choisi de faire passer un message: ils ne souhaitent pas que Pierre Maudet se représente en 2023. Même ses partisans de toujours ont rallié cette position. Questionné à propos de ce vote unanime intervenu le 16 juin dernier, Yvan Zweifel, chef de groupe, se contente de préciser: «Je confirme cette informatio­n.»

Contacté au sujet de la convocatio­n du président et de la position exprimée par les députés de son propre parti, Pierre Maudet n'a pas répondu à notre message.

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