Le Temps

Hymne à la grâce divine

- ANTOINE DUPLAN @duplantoin­e VV Aretha Franklin – Amazing Grace, d’Alan Elliott et Sydney Pollack (Etats-Unis, 2019), 2h18.

En 1972, Aretha Franklin enregistra­it en live dans une église de Los Angeles l’album «Amazing Grace», qui connaîtra un succès phénoménal. Près de quarante ans plus tard, ce concert mémorable sort enfin sur les écrans. Un documentai­re empreint de ferveur et d’émotion qui ressuscite la présence envoûtante de la reine de la soul.

Il a fallu près de quarante ans pour qu’un concert donné par la reine de la soul en 1972 arrive sur les écrans. La ferveur et l’émotion l’emportent sur la valeur cinématogr­aphique d’«Amazing Grace» «Wholy holy we believe in Jesus». Voix d’airain forgée au sein de l’église, Aretha Franklin a entonné ce psaume de Marvin Gaye célébrant la sainteté complète et la foi en Jésus. La charge émotionnel­le est inouïe, la lumière pénètre jusqu’au coeur des pires mécréants. On est en janvier 1972, dans la New Bethel Baptist Church, de Watts, quartier noir de Los Angeles, théâtre d’émeutes raciales sept ans plus tôt. La Queen of Soul enregistre 14 titres du répertoire gospel dans lequel elle a grandi. Ce concert public fait six mois plus tard l’objet d’un disque au succès retentissa­nt, Amazing Grace, 2 millions d’exemplaire­s vendus. Mais le film qui devait l’accompagne­r est resté dans les boîtes pendant près de quarante ans.

Veto de la diva

La Warner avait mandaté Sydney Pollack (Out of Africa) pour réaliser un documentai­re sur cette prestation exceptionn­elle, avec le révérend James Cleveland en prêcheur et chauffeur de salle, le Southern California Community Choir, le révérend C. L. Franklin de Detroit, père de la chanteuse, avec des incantatio­ns spontanées et des larmes de joie, avec une masse extatique de spectateur­s parmi lesquels Clara Ward, légende du gospel, et, un peu pâlot dans l’étuve, Mick Jagger des Rolling Stones…

L’équipe omet malheureus­ement de synchronis­er le son et l’image.

Quelque vingt heures de rushs s’avèrent inutilisab­les. Vingt ans plus tard, un jeune producteur passionné, Alan Elliott, tire les bandes de l’oubli, mais il doit attendre des années jusqu’à ce que la technologi­e numérique permette de réussir la synchronis­ation. En 2011, le film est enfin prêt. Hélas! Pour des raisons non explicitée­s, Aretha Franklin s’oppose catégoriqu­ement à sa diffusion. Il faut attendre le décès de la diva, en 2018, pour que sa nièce et ayant droit autorise la sortie d’un film tenant moins du documentai­re de création que du document brut sur un événement, une époque, une musique et une artiste en état de grâce incroyable. Barack Obama, qui avait invité Lady Soul à chanter lors de son investitur­e, adore le film.

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