Hymne à la grâce divine
En 1972, Aretha Franklin enregistrait en live dans une église de Los Angeles l’album «Amazing Grace», qui connaîtra un succès phénoménal. Près de quarante ans plus tard, ce concert mémorable sort enfin sur les écrans. Un documentaire empreint de ferveur et d’émotion qui ressuscite la présence envoûtante de la reine de la soul.
Il a fallu près de quarante ans pour qu’un concert donné par la reine de la soul en 1972 arrive sur les écrans. La ferveur et l’émotion l’emportent sur la valeur cinématographique d’«Amazing Grace» «Wholy holy we believe in Jesus». Voix d’airain forgée au sein de l’église, Aretha Franklin a entonné ce psaume de Marvin Gaye célébrant la sainteté complète et la foi en Jésus. La charge émotionnelle est inouïe, la lumière pénètre jusqu’au coeur des pires mécréants. On est en janvier 1972, dans la New Bethel Baptist Church, de Watts, quartier noir de Los Angeles, théâtre d’émeutes raciales sept ans plus tôt. La Queen of Soul enregistre 14 titres du répertoire gospel dans lequel elle a grandi. Ce concert public fait six mois plus tard l’objet d’un disque au succès retentissant, Amazing Grace, 2 millions d’exemplaires vendus. Mais le film qui devait l’accompagner est resté dans les boîtes pendant près de quarante ans.
Veto de la diva
La Warner avait mandaté Sydney Pollack (Out of Africa) pour réaliser un documentaire sur cette prestation exceptionnelle, avec le révérend James Cleveland en prêcheur et chauffeur de salle, le Southern California Community Choir, le révérend C. L. Franklin de Detroit, père de la chanteuse, avec des incantations spontanées et des larmes de joie, avec une masse extatique de spectateurs parmi lesquels Clara Ward, légende du gospel, et, un peu pâlot dans l’étuve, Mick Jagger des Rolling Stones…
L’équipe omet malheureusement de synchroniser le son et l’image.
Quelque vingt heures de rushs s’avèrent inutilisables. Vingt ans plus tard, un jeune producteur passionné, Alan Elliott, tire les bandes de l’oubli, mais il doit attendre des années jusqu’à ce que la technologie numérique permette de réussir la synchronisation. En 2011, le film est enfin prêt. Hélas! Pour des raisons non explicitées, Aretha Franklin s’oppose catégoriquement à sa diffusion. Il faut attendre le décès de la diva, en 2018, pour que sa nièce et ayant droit autorise la sortie d’un film tenant moins du documentaire de création que du document brut sur un événement, une époque, une musique et une artiste en état de grâce incroyable. Barack Obama, qui avait invité Lady Soul à chanter lors de son investiture, adore le film.