EMPÊCHER UNE DEUXIÈME VAGUE
La progression des cas de Covid-19 se manifeste presque partout, en expansion forte là, en foyers localisés ailleurs. La Suisse ne fait pas exception, même si ses chiffres sont modestes pour l’instant. Alors que beaucoup s’inquiètent de la négligence des mesures de prudence et se demandent si nous échapperons à une nouvelle vague, le Conseil fédéral se veut rassurant. Il lance l’application SwissCovid comme outil de contrôle de la pandémie. Pour que le contrôle opère, il faut, nous dit-on, que 60% environ de la population l’utilisent de manière régulière et correcte. La réussite dépend donc de l’acceptation de chacune et chacun, et sur ce point on est réduit aux hypothèses. Mais elle dépend aussi d’un facteur technique qui conditionne son utilisation: le téléchargement de l’application nécessite des appareils de dernière génération. En Suisse, parmi les 92% de personnes qui possèdent un smartphone, 20% environ ne peuvent accéder au téléchargement, car leur appareil est «obsolète».
Peut-on atteindre le résultat espéré? Cela semble malheureusement improbable. On espère donc vivement que cette condition ne soit pas indispensable pour que SwissCovid soit efficace. Mais on regrette doublement que cette application requière cette exigence technologique limitative. Et si, d’aventure, les consommateurs résistants se résolvaient à l’acquisition d’un modèle récent dans le seul but d’accéder à SwissCovid, cela ferait du Conseil fédéral un allié inattendu des fabricants. Ce qui apparaît bien ironique dans la perspective des engagements de la Suisse à réduire de moitié ses émissions de carbone d’ici à 2030. Quel que soit l’avenir de SwissCovid, que l’on espère aussi bon que possible, cela ne nous dispensera pas de respecter scrupuleusement les gestes barrières, voire de porter le masque dans les transports et les lieux publics. En faire une obligation serait encore plus sage, moins coûteux et tellement simple.