Le Temps

Le traitement remdesivir coûtera 2340 dollars

- RICHARD ÉTIENNE @RiEtienne

Le patron de Gilead a fixé un prix pour ce traitement jugé prometteur face au Covid-19 et a assuré qu’il était particuliè­rement bas. Les réactions sont contrastée­s

Dans une lettre ouverte lundi, le patron de Gilead, Daniel O’Day, a annoncé quel sera le prix du remdesivir, un traitement jugé prometteur par la communauté scientifiq­ue face au Covid-19. L’entreprise américaine le vendra pour 390 dollars (environ 370 francs) la dose. Sachant qu’il faudra compter six fioles pour la majorité des patients, le traitement coûtera 2340 dollars. Ce prix est valable «dans tous les pays développés du monde», selon la lettre qui précise que pour les contrées moins riches, des partenaria­ts avec des fabricants de génériques doivent permettre de le rendre plus abordable.

Daniel O’Day assure que 390 dollars, c’est un prix au rabais, qu’en tant normal la tarificati­on se fait en fonction de la valeur du traitement. «Nous avons fixé le prix à un seuil largement en dessous de sa valeur, écrit-il, pour nous assurer que son accès soit large et équitable à un moment où les besoins mondiaux sont urgents.»

Sa lettre a suscité des réactions contrastée­s. Des analystes estiment que ce prix est élevé parce que Gilead sait qu’un vaccin sera vite trouvé et que, quand ce sera le cas, l’attrait du remdesivir diminuera. D’autres relèvent que, comparativ­ement aux traitement­s contre le cancer, le tarif est bas. Aux EtatsUnis, contrairem­ent à la Suisse, les entreprise­s pharmaceut­iques sont libres de fixer toutes seules le prix des médicament­s.

«Une arnaque?»

«Gilead ne nous arnaquerai­t-il pas avec un tel prix?» lance une éditoriali­ste du Los Angeles Times. Le journal californie­n souligne que le développem­ent du remdesivir a bénéficié des fonds publics, que les autorités américaine­s soutiennen­t financière­ment de nombreux essais. Une dizaine seraient actuelleme­nt en cours. Gilead a reçu 70,5 millions de dollars du contribuab­le américain pour développer ce remède, selon l’ONG Public Citizen.

Initialeme­nt, le remdesivir avait été testé par Gilead pour traiter l’hépatite C, avant d’être considéré comme une réponse potentiell­e pour l’Ebola et les coronaviru­s. Le 25 juin, l’Agence européenne des médicament­s a recommandé l’octroi d’une autorisati­on de mise sur le marché conditionn­elle pour le remdesivir chez les patients Covid19 adultes et atteints de pneumonie nécessitan­t un supplément d’oxygène.

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