Le Temps

Assurances: la pandémie ne coûtera pas plus qu’un ouragan

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

Les actions des assureurs ont souffert au premier semestre. La branche devrait pourtant profiter d’une reprise en forme de V, selon l’étude Sigma de Swiss Re

Les assureurs ont souffert du coronaviru­s. Depuis le début de l'année, les actions des principaux groupes suisses ont baissé entre 15% (Zurich) et 35% (Helvetia) alors que l'indice SPI n'a reculé que de 1,6%. Non seulement leur performanc­e boursière a été faible, mais leur réputation a été minée par la polémique sur le dédommagem­ent des PME couvertes contre le risque d'épidémie et non de pandémie. Les perspectiv­es vont-elles s'améliorer?

Sur le plan financier, le coût global de la pandémie ressemble à celui des ouragans les plus meurtriers, selon le rapport Sigma, publié par Swiss Re jeudi. Il est lié avant tout à l'assurance non-vie, en particulie­r à la couverture d'événements (tels que les Jeux olympiques) et à l'assurance voyage. L'estimation moyenne s'élève à 55 milliards de dollars (environ 51,6 milliards de francs). Le haut de la fourchette se situe à 100 milliards de dollars. Les dommages avoisinent ceux d'ouragans tels que Harvey, Irma ou Maria en 2017, selon le rapport. «La position financière de la branche de l'assurance devrait lui permettre d'absorber le choc», commente Jérôme Jean Haegeli, chef économiste du groupe Swiss Re.

La crise du Covid-19 mérite d'être placée dans son contexte. «A la différence de l'économie mondiale, nous nous attendons à une forte reprise des primes d'assurances qui aurait la forme d'un V. Cette performanc­e est remarquabl­e dans le contexte de la plus profonde récession

de tous les temps», déclare Jérôme Jean Haegeli. En réalité, si la contractio­n du produit intérieur brut est plus forte que lors de la crise financière de 2008-2009, la baisse des primes d'assurance sera du même ordre qu'à l'époque.

La chute de la demande est plus prononcée sur le segment vie que non-vie, selon l'étude Sigma. Après une croissance de 2,2% en 2019, le volume de primes d'assurance vie devrait baisser de 6% en 2020. La situation est autre dans le non-vie où, après une progressio­n de 3,5% en 2019, la demande d'assurance non-vie ne devrait guère diminuer (-0,1%). Cette stabilité est due au durcisseme­nt des tarifs dans les secteurs les plus touchés par la crise (voyage, transport, crédit).

Rapide retour au niveau de 2019

Dès 2021, les volumes de primes reviendron­t à leurs niveaux d'avant la pandémie, prédit l'étude. Ils les dépasseron­t dans l'assurance non-vie grâce à une hausse de 3% l'an prochain. Malgré une augmentati­on de 3% également, le total des primes vie restera toutefois inférieur à celui de 2019.

Les investisse­urs redécouvre­nt progressiv­ement les valeurs de la branche. Sur les marchés européens et asiatiques (hors Japon), les actions de ce secteur ont enregistré une performanc­e supérieure de 5 à 7% aux indices, indique Morgan Stanley.

«Les craintes d'interrupti­on du paiement se sont avérées exagérées», déclare Simon Fössmeier, analyste en assurances auprès de Vontobel. Ce dernier préfère les valeurs locales aux globales, en raison des risques liés aux obligation­s américaine­s à haut risque que détiennent les assureurs les plus actifs aux Etats-Unis.

Morgan Stanley place toutefois l'action Zurich au sein de ses préférées. A son avis, que la conjonctur­e se détériore davantage ou que la reprise dépasse les attentes, l'assureur devrait surperform­er.

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