Investir dans un pilier, c’est bien. Investir dans le bon pilier, c’est mieux!
Les rendements des comptes de prévoyance 3a sont décevants. A long terme, une part importante d’actions est plus intéressante, à condition d’être investies de manière appropriée
Au moment de prendre son nouvel emploi, début février, Dieter S. avait choisi un plan de prévoyance 1e avec une part importante d’actions. Cette solution est à disposition des personnes dont le revenu annuel dépasse 127 980 francs. Contrairement au deuxième pilier, seul compte le rendement individuel de l’avoir de vieillesse, et les personnes à même de supporter un risque élevé peuvent choisir une part élevée d’actions, par exemple 80%. Depuis la crise financière, Dieter S. n’avait fait que de bonnes expériences avec ce plan. La bourse suisse n’avait toutefois pas connu de période particulièrement agitée depuis 2012.
Au début de ce printemps, Dieter a eu une mauvaise surprise. Fin mars, la situation avait radicalement changé: les cours de la bourse se sont effondrés et la valeur de son plan de prévoyance a perdu 20%. «Des cas comme celui-ci ne sont pas rares, relève un expert en prévoyance. Avec ce type de plan, l’épargnant supporte l’intégralité du risque, contrairement à d’autres solutions de prévoyance. Et les hausses ne lui apportent pas davantage qu’avec une assurance collective.» Pour celui qui a quelques connaissances dans les opérations boursières, il vaut mieux gérer soi-même ses avoirs, autrement dit dans un pilier 3b, estime l’expert. Et d’ajouter: «La plupart des solutions de couverture des risques sont chères et, au final, le rendement est modeste. Par ailleurs, certains clients sont envoyés vers des caisses de pension dont le degré de couverture est inférieur à 100%, après le krach boursier de mars 2020.»
«Les solutions 1e conviennent pour des cadres qui investissent à long terme et peuvent supporter les reculs du marché, estime Leo Hug, expert en prévoyance chez Comparis. Ces solutions ne conviennent pas pour les entreprises avec des fluctuations élevées au niveau des cadres.» Lorsqu’il est possible de gérer son portefeuille de manière plus ou moins individuelle (comme dans un pilier 3a et les solutions 1e), il vaudrait la peine d’avoir une part importante d’actions, dans le cas d’un horizon de placement à long terme, estime Leo Hug. Plus la solution de prévoyance est individ uelle, mieux on pourra profiter d’une stratégie de placement à long terme. «Les portefeuilles d’épargne avec un horizon de placement le plus long possible, à travers un pilier 3a, une solution 1e ou des dépôts de libre passage planifiés à long terme, profitent au mieux du potentiel de rendement des actions.»
Lors du choix de la caisse de pension, il vaut la peine de comparer les frais de gestion par personne assurée, les coûts de la gestion de fortune rapportés à la fortune sous gestion ainsi que le degré de couverture. «Une large diversification représente une alternative intéressante à la sélection professionnelle, mais chère, des titres et aux réaffectations correspondantes, souligne l’expert. Pour les placements à long terme en actions, on recherchera des ETF fortement capitalisées et donc plus avantageuses.»
La prévoyance bat les portefeuilles privés
«Les rendements dans le deuxième et le troisième pilier sont fondamentalement comparables», précise Karl Flubacher, directeur de VZ Vermögenszentrum pour la Suisse romande. «Le rendement dépend principalement de la stratégie de placement choisie et des coûts liés aux produits de placement.» Fiscalement, les placements dans le pilier 3a et les plans de prévoyance 1e sont très intéressants. «Dans les deux cas, les versements peuvent être entièrement déduits du revenu imposable, relève Karl Flubacher. Sur la base du taux marginal d’imposition, on économise ainsi entre 25 et 40, voire 45% sur ces versements, en fonction de son domicile et de sa situation financière.»
Lors du retrait en capital des avoirs de prévoyance, le fisc applique le tarif de prévoyance, nettement plus bas. Celui-ci est généralement compris entre 5 et 15%. «Cet avantage fiscal assure un rendement net après impôts très intéressant de ces solutions de prévoyance», ajoute Karl Flubacher.
De plus, les avoirs de prévoyance du deuxième et du troisième pilier ne sont pas soumis à l’impôt sur la fortune, jusqu’à leur retrait. Et les revenus tels que les intérêts et les dividendes sont exonérés d’impôts, dans la prévoyance. Ainsi, un dividende de 3,5% dans le troisième pilier devient un dividende net de 3,5%. Pour un même dividende dans un portefeuille privé, il faut déduire l’impôt sur le revenu (taux marginal d’imposition de 30%), -1,05 point, ainsi que l’impôt sur la fortune, par exemple -0,5 point. «Il reste donc un rendement net de 1,5 à 2,2%», calcule Karl Flubacher dans cet exemple.
Des solutions intéressantes avant tout pour les conseillers
Le type de placement joue également un rôle. «Avec un pilier 3a basé sur des ETF avantageux et des fonds indexés, l’avoir de vieillesse peut facilement atteindre quelques dizaines de milliers de francs de plus qu’avec une solution 3a basée sur un fonds de prévoyance avec une gestion active, relève Karl Flubacher. Car les fonds gérés de manière active sont nettement plus onéreux que des ETF et des fonds indexés.»
Un épargnant peut concevoir individuellement son troisième pilier. S’il veut profiter des avantages fiscaux, il optera de préférence pour des solutions basées sur des titres. De nombreuses banques proposent des plans de prévoyance 3a basés sur des titres. «Mais il vaut la peine d’y regarder de plus près, prévient Karl Flubacher. Bien souvent, il s’agit de fonds gérés de manière active, qui sont liés à des coûts élevés. Certaines banques déduisent 1,5 point, voire davantage, du rendement de base. Il vaut donc la peine d’étudier une solution passive basée sur des ETF ou des fonds indexés.»
Celui ou celle qui laisse son avoir sur un compte 3a est en revanche puni. En moyenne, les banques ne rémunèrent les comptes 3a qu’à 0,16%, comme le montre une analyse de 60 banques réalisée par VZ. «Là aussi, il peut être intéressant de solliciter les conseils d’un spécialiste, ne serait-ce que pour avoir un deuxième avis», estime Karl Flubacher. On s’adressera de préférence à des experts indépendants travaillant sur la base d’honoraires. Autrement dit, ceux qui ne vendent pas leurs propres produits et ne touchent pas d’avantages pour la recommandation ou la vente de produits financiers. «De nombreuses banques et assurances proposent des solutions de placement basées sur des fonds onéreux, qui sont intéressantes avant tout pour les conseillers.»
Une course d’obstacles pour les PME
Pour les PME, la recherche de la bonne caisse de pension pour les collaborateurs s’apparente à une course d’obstacles. «D’innombrables dispositions font de la prévoyance professionnelle un véritable casse-tête. A cela s’ajoute qu’il est très difficile de comparer les coûts, les prestations et les rendements, regrette l’expert de VZ. Il n’est donc pas étonnant que la recherche d’une alternative avantageuse et de qualité soit régulièrement repoussée. Et pendant ce temps, les employés attendent en vain une amélioration, pourtant absolument nécessaire.»
Lors du choix d’une caisse de pension dans le cadre d’une PME, on devrait systématiquement comparer les coûts et les prestations, et demander plusieurs offres. «Les critères importants sont les frais de gestion par personne assurée, le montant des primes de risque, le modèle de caisse de pension en raison de la problématique de répartition, le placement de fortune et le ratio entre personnes actives et retraités.»
Pour les placements à long terme, on recherchera des ETF fortement capitalisées