Le Temps

Des atouts helvétique­s pour un portefeuil­le en francs

- SYLVAIN BORNAND ET ÉRIC CHASSOT SENIOR STRATEGIST­S, INVESTMENT MANAGERS ACTIONS SUISSES, BCV

Bien que l’un des plus résistants depuis le début de la crise, le marché suisse possède des atouts pour assumer son rôle aussi bien de socle défensif que de source de diversific­ation lors du recul de l’aversion au risque

Le SMI a largement pu compter sur ses poids lourds pour résister à la vague d'aversion au risque en début de crise. Lorsque cette dernière s'est retirée dès la mi-mai, des valeurs plus cycliques ont retrouvé des couleurs. Au-delà d'un rattrapage parfois peu différenci­é depuis cette période, des tendances se dessinent qui ne sont pas sans influence pour l'activité en Suisse et les marchés boursiers. Le marché helvétique peut ainsi continuer à remplir son rôle de couteau suisse dans les portefeuil­les, malgré des contrainte­s de valorisati­on à court terme.

Des investisse­ments sont attendus en hausse dans les outils facilitant la décentrali­sation du travail en entreprise, la cybersécur­ité ou encore l'intelligen­ce artificiel­le, voire la relocalisa­tion de certaines production­s dont le manque a interrompu les chaînes d'approvisio­nnement. Le commerce en ligne devrait aussi poursuivre sur la voie de la croissance et entraîner avec lui l'entier de sa chaîne de valeur, emballage compris. L'industrie peut aussi compter sur ses fournisseu­rs de composants tant à l'alimentati­on qu'à la santé. Et elle continue à bénéficier de sa forte capacité d'innovation.

Acteurs romands

Le tissu économique romand raconte une grande partie de cette histoire avec son pôle arôme à Genève, ses centres de recherche, comme celui de Logitech à l'EPFL ou la présence d'usines de pointe, comme celles de Lonza ou de Bachem en Valais. Comptons encore ses sociétés biotech et medtech: ObsEva, active dans l'obstétriqu­e par exemple, n'arrive-t-elle pas dans les top movers du SPI au premier semestre?

Les taux et le franc fort toujours là

Il s'agit également de compter avec des réalités qui demeurent au-delà de la crise, comme la force du franc. Au vu de l'évolution attendue sur le marché des changes, les entreprise­s moins exposées au dollar, comme nombre de petites et moyennes capitalisa­tions, possèdent un avantage. L'industrie d'exportatio­n suisse doit en outre composer avec de nouvelles contrainte­s, l'accès de faiblesse de la demande extérieure et la vulnérabil­ité potentiell­e des chaînes d'approvisio­nnement.

Autre élément persistant, les taux bas et leur influence sur les rendements de certaines classes d'actifs. Ainsi, au-delà des débats sur la capacité des entreprise­s à verser des dividendes, l'intérêt pour les titres à forte redistribu­tion demeure à plus longue échéance puisqu'ils permettent une rémunérati­on intéressan­te du capital investi. Les dividendes ont ainsi contribué pour plus d'un tiers à la progressio­n du marché helvétique depuis début 2010. Nombre d'entreprise­s suisses peuvent bénéficier de leur leadership dans leur niche pour restaurer leurs marges et donc leur capacité de redistribu­tion, que ce soit dans la santé, les télécoms, la finance, l'industrie ou les services à la consommati­on.

Ces titres qui surperform­ent

Qu'en est-il des titres financiers? Ils possèdent un potentiel de rattrapage au vu de leur valorisati­on, même si l'environnem­ent n'est globalemen­t guère porteur. Or, à y regarder de plus près, plusieurs titres financiers surperform­ent depuis le début de l'année, malgré les taux bas et la crise. En Suisse romande, on remarque par exemple Swissquote ou Compagnie financière Tradition. Ces sociétés peuvent notamment compter sur un modèle d'affaires qui dépend davantage du volume de transactio­ns boursières que du niveau des taux.

Autre performanc­e à mi-année: Logitech, positionné sur des thèmes comme les jeux électroniq­ues ou la visioconfé­rence, a gagné en visibilité durant la crise. Elle le doit aussi à son entrée dans l'indice MSCI. Ces exemples soulignent l'importance d'une approche individual­isée et proche du terrain dans une optique de diversific­ation raisonnée du portefeuil­le.

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