Le Temps

Neuf entreprise­s sur dix croient en leur pérennité

- ALEXANDRE STEINER @alexanstei­n

L’économie suisse pourrait retrouver son équilibre d’ici à deux ans, selon une étude réalisée par UBS auprès de 2500 entreprise­s. Si la grande majorité fait preuve d’optimisme, d’autres devront se battre pour leur survie

De bonnes bases pour une reprise à moyen terme. Deux mille cinq cents entreprise­s suisses interrogée­s par UBS entre le 20 mai et le 9 juin ont partagé avec la banque leurs perspectiv­es d’après-crise. Pour 2022, une grande majorité d’entre elles s’attend à un chiffre d’affaires (71%) et un nombre d’employés (87%) égaux ou supérieurs à 2019. Si le rapport publié jeudi témoigne d’un optimisme affiché de l’économie suisse, notamment dans la pharma, la chimie et l’industrie des machines, des équipement­s électrique­s et des métaux (MEM), il rend également compte des difficulté­s à venir ces prochains mois.

Globalemen­t, 90% des sondés estiment que la poursuite de leurs activités est assurée. Les 10% restants déclarent que leur survie est menacée ou uniquement possible grâce à un nouveau modèle d’affaires. Le pourcentag­e de celles qui se disent sûres de faire faillite dans les trois ans à venir est proche de zéro, selon UBS. Les chiffres sont cependant plus alarmants dans les secteurs dépendant des exportatio­ns, du tourisme et de la liberté des gens à se rassembler.

Les entreprise­s de l’industrie horlogère, de l’hôtellerie et de la restaurati­on sont ainsi 22% à voir leur existence menacée ou à redouter une faillite. Dans la culture, ce chiffre grimpe à 28%. «Pour ces domaines d’activité, la durée de la crise sera primordial­e, tout comme la capacité des acteurs concernés à mettre en place des mesures efficaces», indique Stéphane Mathey, responsabl­e clientèle pour UBS Romandie.

La banque constate que le chômage partiel et les crédits-relais accordés par le

Conseil fédéral ont fait leurs preuves à court terme. Pour la suite, les entreprise­s doivent se tenir prêtes à prendre le relais. Alexandre Prêtre, responsabl­e clientèle pour Genève, précise: «Aucune entreprise ne pourra faire l’économie d’une réflexion sur son organisati­on interne et sa structure de coût, pour éviter la solution de dernier ressort que seraient des licencieme­nts.»

Pour le moment, moins de 10% des sondés ont procédé à des licencieme­nts pour réduire les heures de travail, tandis que 20% ont décidé de ne pas repourvoir les postes vacants. A moyen terme, UBS prévient dans son rapport «que les collaborat­eurs «parqués» au chômage partiel devront pouvoir retrouver leur poste de travail, sinon le chômage risque de fortement augmenter ces prochains trimestres».

Investisse­ments freinés par l’endettemen­t

La crise économique provoquée par le coronaviru­s a aussi engendré des problèmes de liquidité et accru l’endettemen­t de 30% des entreprise­s interrogée­s. Dans la majorité des cas, elles ont contracté des crédits-relais proposés par la Confédérat­ion. 70% d’entre elles reconnaiss­ent que leur marge de manoeuvre financière s’en est vue réduite, et par là même leur capacité d’investisse­ment. Elles risquent alors de se retrouver dans un cercle vicieux, selon UBS: «De plus faibles investisse­ments diminuent la compétitiv­ité et compliquen­t la réduction de l’endettemen­t.»

En revanche, les entreprise­s qui affichent de bonnes perspectiv­es à long terme sont ouvertes aux investisse­ments, au maintien des emplois, voire même à la création de nouveaux postes. Largement majoritair­es parmi les sondés, elles sont aussi nombreuses à vouloir conserver certains acquis de la crise. A titre d’exemple, six entreprise­s sur dix ont recouru au télétravai­l ces derniers mois, et 80% d’entre elles entendent maintenir cette pratique à l’avenir.

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