Neuf entreprises sur dix croient en leur pérennité
L’économie suisse pourrait retrouver son équilibre d’ici à deux ans, selon une étude réalisée par UBS auprès de 2500 entreprises. Si la grande majorité fait preuve d’optimisme, d’autres devront se battre pour leur survie
De bonnes bases pour une reprise à moyen terme. Deux mille cinq cents entreprises suisses interrogées par UBS entre le 20 mai et le 9 juin ont partagé avec la banque leurs perspectives d’après-crise. Pour 2022, une grande majorité d’entre elles s’attend à un chiffre d’affaires (71%) et un nombre d’employés (87%) égaux ou supérieurs à 2019. Si le rapport publié jeudi témoigne d’un optimisme affiché de l’économie suisse, notamment dans la pharma, la chimie et l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM), il rend également compte des difficultés à venir ces prochains mois.
Globalement, 90% des sondés estiment que la poursuite de leurs activités est assurée. Les 10% restants déclarent que leur survie est menacée ou uniquement possible grâce à un nouveau modèle d’affaires. Le pourcentage de celles qui se disent sûres de faire faillite dans les trois ans à venir est proche de zéro, selon UBS. Les chiffres sont cependant plus alarmants dans les secteurs dépendant des exportations, du tourisme et de la liberté des gens à se rassembler.
Les entreprises de l’industrie horlogère, de l’hôtellerie et de la restauration sont ainsi 22% à voir leur existence menacée ou à redouter une faillite. Dans la culture, ce chiffre grimpe à 28%. «Pour ces domaines d’activité, la durée de la crise sera primordiale, tout comme la capacité des acteurs concernés à mettre en place des mesures efficaces», indique Stéphane Mathey, responsable clientèle pour UBS Romandie.
La banque constate que le chômage partiel et les crédits-relais accordés par le
Conseil fédéral ont fait leurs preuves à court terme. Pour la suite, les entreprises doivent se tenir prêtes à prendre le relais. Alexandre Prêtre, responsable clientèle pour Genève, précise: «Aucune entreprise ne pourra faire l’économie d’une réflexion sur son organisation interne et sa structure de coût, pour éviter la solution de dernier ressort que seraient des licenciements.»
Pour le moment, moins de 10% des sondés ont procédé à des licenciements pour réduire les heures de travail, tandis que 20% ont décidé de ne pas repourvoir les postes vacants. A moyen terme, UBS prévient dans son rapport «que les collaborateurs «parqués» au chômage partiel devront pouvoir retrouver leur poste de travail, sinon le chômage risque de fortement augmenter ces prochains trimestres».
Investissements freinés par l’endettement
La crise économique provoquée par le coronavirus a aussi engendré des problèmes de liquidité et accru l’endettement de 30% des entreprises interrogées. Dans la majorité des cas, elles ont contracté des crédits-relais proposés par la Confédération. 70% d’entre elles reconnaissent que leur marge de manoeuvre financière s’en est vue réduite, et par là même leur capacité d’investissement. Elles risquent alors de se retrouver dans un cercle vicieux, selon UBS: «De plus faibles investissements diminuent la compétitivité et compliquent la réduction de l’endettement.»
En revanche, les entreprises qui affichent de bonnes perspectives à long terme sont ouvertes aux investissements, au maintien des emplois, voire même à la création de nouveaux postes. Largement majoritaires parmi les sondés, elles sont aussi nombreuses à vouloir conserver certains acquis de la crise. A titre d’exemple, six entreprises sur dix ont recouru au télétravail ces derniers mois, et 80% d’entre elles entendent maintenir cette pratique à l’avenir.
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