Le Temps

Un automne sportif et culturel en sursis

Le Conseil fédéral veut préparer les règles d’autorisati­on des grandes manifestat­ions avec les cantons dans l’espoir qu’elles soient les plus uniformes possibles. La crise sanitaire plonge le budget fédéral dans le rouge vif: un déficit de près de 21 mill

- BERNARD WUTRICH, BERNE @BdWuthrich

Le Conseil fédéral autorise les manifestat­ions de plus de 1000 personnes dès le 1er octobre, mais à des conditions strictes

■ La délivrance des autorisati­ons incombera aux cantons, selon leur situation épidémiolo­gique et en respectant des critères de sécurité et de traçage uniformes

■ Les instances du sport respirent un peu mieux et s’entendent déjà sur quelques mesures: port du masque, billets nominatifs, pas de places debout

■ De leur côté, les grands organisate­urs d’événements culturels en Suisse romande redoutent une cacophonie entre cantons et auraient préféré une limite fixe

D’un côté, les secteurs du sport et de la culture ont fait pression sur le Conseil fédéral pour qu’il réautorise les manifestat­ions de plus de 1000 personnes dès le 1er septembre. De l’autre, les cantons ont tiré le frein à main pour que ce même Conseil fédéral maintienne le statu quo au moins jusqu’à la fin de l’année. Pris en étau, le gouverneme­nt a opté pour une solution intermédia­ire: les rencontres sportives, spectacles culturels et foires spécialisé­es auxquels plus de 1000 participan­ts pourront être admis seront possibles dès le 1er octobre.

Pourquoi pas avant, alors que les championna­ts de football et de hockey sur glace reprennent à mi-septembre? «Parce que cela laisse le temps d’élaborer avec les cantons des critères d’autorisati­on uniformes applicable­s aux grandes manifestat­ions. Et cela laisse aussi aux cantons le temps de mettre en place les procédures d’autorisati­on et d’adapter leurs capacités de traçage des contacts», répond le ministre de la Santé, Alain Berset, mercredi au terme de la séance hebdomadai­re du gouverneme­nt. «L’interdicti­on des grandes manifestat­ions en vigueur depuis mars est l’un des facteurs qui ont le plus contribué à réduire le nombre d’infections», ajoute-t-il.

L’uniformité des règles est l’un des grands soucis des cantons. Ils demandent que les plans de protection, les procédures d’autorisati­on, les critères qui déterminer­ont le nombre de spectateur­s admis soient identiques partout, si possible aussi au Liechtenst­ein, puisque le FC Vaduz jouera dorénavant en Super League. Ce travail va se faire ces prochaines semaines. Le Départemen­t fédéral de l’intérieur (DFI) coopérera avec plusieurs conférence­s intercanto­nales (gouverneme­nts, santé, justice et police, économie) et toute une palette d’offices fédéraux pour définir ces normes. Celles-ci devront être prêtes d’ici au 2 septembre. Le Conseil fédéral en prendra connaissan­ce ce jour-là.

Appel à la responsabi­lité des organisate­urs

Elles pourront varier selon le type de manifestat­ions. «Il n’y a pas de solution prête à l’emploi pour tous les événements», souligne le chef du DFI. Elles devront ensuite être appliquées par les cantons, les associatio­ns et clubs sportifs, les milieux culturels et les organisate­urs d’événements et entreront en vigueur le 1er octobre. «C’est un calendrier déjà très sportif», résume, à peine ironique, Alain Berset. Le président de la Conférence des directeurs cantonaux de la Santé (CDS), le conseiller d’Etat bâlois Lukas Engelberge­r, insiste de son côté sur la responsabi­lité des organisate­urs: le succès de l’assoupliss­ement de la règle des 1000 personnes dépendra de la manière dont ils mettront ces plans de protection en oeuvre, estime-t-il.

Une loi controvers­ée

Si le Conseil fédéral va moins vite que ne l’espéraient les milieux culturels et sportifs, c’est aussi parce que le nombre de nouvelles infections est plus élevé qu’en juin – entre 150 et 250 par jour, 274 entre mardi et mercredi – et parce que les retours de vacances et la reprise des écoles comportent leur part d’incertitud­e. «La situation reste fragile», résume Alain Berset, qui la juge cependant «sous contrôle».

Mercredi, le Conseil fédéral a aussi transmis au parlement la loi Covid-19. Mise en consultati­on en juillet, elle a pour but d’ancrer dans le droit ordinaire une partie des mesures urgentes décrétées durant le semi-confinemen­t. Face à certaines résistance­s, le gouverneme­nt a dû revoir sa copie. La durée de validité de la loi a été raccourcie d’une année: elle sera valable jusqu’au 31 décembre 2021 plutôt que 2022. Une clause de concertati­on obligatoir­e des cantons avant de prendre des mesures est introduite. Cela concerne en particulie­r les capacités sanitaires, la protection des travailleu­rs et les aides culturelle­s. Certaines

«Il n’y a pas de solution prête à l’emploi pour tous les événements» ALAIN BERSET

mesures destinées à compenser l’interrupti­on des activités économique­s, comme l’examen sommaire des demandes de chômage partiel, sont par ailleurs prolongées jusqu’à la fin de l’année.

Recettes fiscales en chute libre

Quant aux conséquenc­es financière­s de la pandémie sur le budget fédéral, elles se précisent. L’estimation faite à fin juin montre que l’exercice 2020 devrait se solder par un déficit de 20,9 milliards de francs. Cette somme se décompose en deux parties. D’une part, les recettes fiscales sont en chute libre: l’impôt fédéral direct et la TVA, en particulie­r, rapportero­nt bien moins que prévu. Le manque à gagner fiscal sera supérieur à 5 milliards. Le budget ordinaire présentera un déficit de 3,1 milliards alors qu’un excédent de 300 millions avait été envisagé.

D’autre part, les dépenses extraordin­aires générées par la crise sanitaire grèveront le budget à hauteur de 17,8 milliards. C’est moins que l’enveloppe de 30,8 milliards approuvée par le parlement ce printemps. Certains montants ne seront pas complèteme­nt dépensés, par exemple dans les domaines de l’assurance chômage, des allocation­s pour perte de gain prévues pour les indépendan­ts, de l’achat de matériel sanitaire par la pharmacie de l’armée et des pertes sur les cautionnem­ents. Mais il faudra attendre la fin de l’année pour vérifier ce scénario.

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Des stades quasiment vides, avec quelques centaines de spectateur­s éparpillés dans les gradins, à l’image de ce match de Super League opposant Saint-Gall à Zurich. Un scénario appelé à disparaîtr­e au 1er octobre pour le plus grand soulagemen­t des clubs sportifs.
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(GIAN EHRENZELLE­R/KEYSTONE)

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