Sofie, la recluse de Vienne
Les chemins de la découverte prennent parfois de drôles de détours. Il faut ici remercier les indispensables camarades de Section-26.fr d’avoir recueilli la parole de Tim Burgess. Le chanteur sur le retour des Charlatans y soulignait la fausse simplicité de 99 Glimpses, insistant sur le fait qu’il était de plus en plus hanté par ce single au fil des mois. Vrai que les chansons de Sofie semblent presque trop évidentes à la toute première oreille. Mais on est très vite dépassés par leur mélancolie et leur sensualité – et pas seulement parce que la jeune Austro-Américaine affiche des faux airs de Golshifteh Farahani.
Sofie Fatouretchi a pratiqué le violon pendant de longues années, mais a préféré refuser le Conservatoire de Vienne pour mieux galoper entre Londres et Los Angeles. A 19 ans, elle tente une demande de stage à l’ancienne: une longue lettre manuscrite pour dire à quel point elle meurt d’envie d’intégrer le label Stones Throw – celui-là même qui vient de publier son disque autoproduit. La recette a fonctionné, pour une immersion totale dans le monde de la nuit californienne.
Les accidents de la vie l’ont ensuite ramenée en Autriche, pour un auto-confinement productif: «J’étais totalement recluse, et si coupée de mon univers musical habituel que j’ai eu le luxe de pouvoir m’ennuyer. Serais-je restée à Los Angeles que je n’aurais jamais eu la force ni le courage de me lancer, j’aurais trouvé ça superflu. Ma créativité s’est réveillée d’un coup. Je me suis assise et les chansons étaient là, dans ma tête et dans mes rêves. Je n’avais plus qu’à les écrire», raconte-t-elle.
Elle aurait pu simplement conclure son premier exercice sur High Time Now, le sommet émotionnel de l’album. Elle a préféré ajouter le remuant Happen 2 B There, un choix pas illogique si on prend en compte son vécu de DJ. Sofie n’est pas artiste à juste pleurer ses amours déçus et autres drames de l’existence. Elle nous fera sans doute bientôt danser.
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