Le Temps

Entre Swisscom et UPC, l’accord qui change tout

- LIONEL PITTET @lionel_pittet

Petite révolution dans le monde de la diffusion des contenus sportifs suisses: il sera désormais possible de suivre les rencontres de football et de hockey sur glace sur la même plateforme, grâce à un principe d’échange entre les deux acteurs qui en possèdent les droits

Drôle de timing. La Commission de la concurrenc­e (Comco) annonçait hier avoir infligé une amende de 30 millions de francs à UPC Suisse pour avoir abusé de ses droits de diffusion des matchs de hockey sur glace visà-vis de Swisscom, le jour même où les deux concurrent­s finalisaie­nt leur accord d’échanges de contenus.

Il est concrèteme­nt reproché au câblo-opérateur zurichois d’avoir refusé toutes les offres de Swisscom visant à diffuser aussi des rencontres et ce, jusqu’à l’été 2020. UPC a certes acquis les droits exclusifs de diffusion des matchs du championna­t suisse de hockey sur glace pour les années 2017 à 2022, mais la manoeuvre est jugée illicite du point de vue du droit des cartels. L’entreprise incriminée a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ferait appel auprès du Tribunal administra­tif fédéral. Elle brandira un argument de poids: à compter de ce mardi 20 octobre, tous ses clients ont accès aux contenus sportifs exclusifs de Swisscom, et réciproque­ment.

Un bouquet sportif

Petit retour en arrière. Le week-end dernier encore, il était impossible pour un fan de sport suisse d’avoir accès, sur la même plateforme, aux rencontres de National League de hockey sur glace (dont les droits appartienn­ent à UPC et profitent à la chaîne MySports) et à celles de Super League de football (en possession de Swisscom et de son canal Blue Sports, ex-Teleclub). Il fallait avoir deux «box» différente­s, verser dans l’illégalité des plateforme­s de streaming ou… choisir.

Désormais, toute l’offre sportive de MySports (essentiell­ement du hockey, plus des chaînes internatio­nales comme Eurosport) est accessible aux 1,55 million d’utilisateu­rs de Swisscom TV au prix d’un abonnement mensuel de 25 francs. Inversemen­t, les 1,8 million de clients d’UPC peuvent s’offrir le football suisse et internatio­nal (dont la Ligue des champions) pour 29,90 francs. En tout, ce possible «bouquet» sportif coûtera 54,90 francs par mois à l’amateur assidu, sans compter bien sûr le montant de son abonnement de base.

Conséquenc­es sur les droits TV?

L’accord passé entre UPC et Swisscom ne concerne que la diffusion des contenus. Les rédactions des chaînes MySports et Blue Sports continuero­nt de travailler de manière indépendan­te, chacune de leur côté. Mais le rapprochem­ent des deux acteurs laisse des questions ouvertes, notamment en vue des futures renégociat­ions des contrats de droits de diffusion avec les ligues suisses.

Pour les services de télévision payants, le sport – très difficile à rentabilis­er en tant que tel – est essentiell­ement considéré comme un produit d’appel, qui permet d’attirer de nouveaux clients. Mais les décideurs d’un côté comme de l’autre seront-ils prêts à continuer de débourser 35 millions de francs par saison pour le hockey suisse et 40 pour le football si les fans peuvent regarder les matchs sans tourner le dos à la concurrenc­e? La Swiss Football League, qui a lancé cet été sa procédure d’appel d’offres pour la diffusion des matchs à compter de la saison 2021-2022, sera vite fixée.n

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