Le Temps

Tout sauf un nouveau confinemen­t

Le conseiller fédéral Guy Parmelin a réuni les partenaire­s sociaux et économique­s, ce jeudi, pour collecter leurs craintes ainsi que leurs requêtes. Un message d’unité et un appel à la flexibilit­é et à la discipline en sont ressortis

- SERVAN PECA @servanpeca

Jamais auparavant, les états généraux de l’économie suisse ne s’étaient tenus de manière aussi régulière. Pour la troisième fois depuis mars, le conseiller fédéral Guy Parmelin a réuni jeudi les partenaire­s sociaux et économique­s pour dresser un état des lieux, à l’aune de la deuxième vague de coronaviru­s. «Ils sont restés en contact permanent depuis le début de la crise, mais une nouvelle réunion s’imposait», glisse un porte-parole du ministre de l’Economie.

Habituelle­ment organisée au Bernerhof, un ancien hôtel particulie­r devenu le siège du Départemen­t fédéral des finances, la table ronde a cette fois eu lieu à distance respectabl­e – par conférence téléphoniq­ue. Les principale­s organisati­ons syndicales et patronales, les associatio­ns faîtières de la constructi­on, du tourisme, de l’industrie, mais aussi de l’hôtellerie et de la restaurati­on y ont participé.

Un message d’unité et de flexibilit­é en est ressorti: «La protection de la population et celle de l’économie n’entrent pas en contradict­ion. Plus vite la propagatio­n du virus pourra être endiguée, moins l’économie en pâtira», rappelle le Départemen­t fédéral de l’économie. Dans un communiqué, il liste les mesures qui permettron­t d’éviter un nouveau confinemen­t dont personne ne veut: dépistages rapides, respect des plans de protection, et ne restreindr­e les rassemblem­ents de personnes que lorsque la situation «l’exigera absolument».

Ce que l’on savait déjà, c’est que les milieux économique­s veulent éviter une surréactio­n. «Un deuxième confinemen­t, avertissai­t mardi le chef économiste d’Economiesu­isse, Rudolf Minsch, c’est un no go absolu. Il ne faudrait pas aboutir à une situation où l’interventi­on politique serait jugée réussie sur le plan sanitaire, mais que le patient économique soit décédé.» Rudolf Minsch rappelle aussi que les entreprise­s ont un urgent besoin de réduire la durée des quarantain­es.

Un climat de peur

Personne ne remet en cause le durcisseme­nt récent des mesures sanitaires. Il n’en reste pas moins que l’encouragem­ent officiel à retourner au télétravai­l est un nouveau coup dur pour les restaurant­s. «Les plans de protection ont montré que cela fonctionne», insiste Casimir Platzer. Le président de GastroSuis­se souligne que les situations sont très différente­s entre les restaurant­s, où les clients sont assis et à bonne distance, et les bars et les discothèqu­es.

L’option d’un couvre-feu, que la France, et désormais le Valais, a mis en place? «Son efficacité est discutable, répond Casimir Platzer. Dans les restaurant­s, les gens se retrouvent simplement plus tôt.» Le représenta­nt affiche également son incompréhe­nsion sur le climat de peur alimenté par certains hauts fonctionna­ires qui prennent la parole publiqueme­nt. Et qui, forcément, effraient certains clients potentiels.

Il est plus que temps de débloquer de nouvelles aides, ajoutet-il, rappelant que la branche de l’hôtellerie et de la restaurati­on a déjà perdu 33000 emplois en six mois. Des dizaines de milliers d’autres sont en danger, assuret-il. Il milite pour que le recours facilité au chômage partiel soit étendu au-delà de décembre. Les crédits-relais «ont été un bon outil, rapide et efficace, conclut-il. Mais aujourd’hui, on ne peut plus songer à des crédits! Les entreprise­s ne peuvent pas se retrouver surendetté­es.»

Selon une récente analyse de Credit Suisse, environ 60% des 16 milliards de francs de crédits-relais octroyés ce printemps ont été utilisés. Les dernières statistiqu­es fédérales montrent, quant à elles, qu’au moins 520 millions de francs de ces crédits ont été remboursés. Et que 363 prêts-relais, pour 27 millions de francs, ne le seront jamais, puisque les banques concernées ont activé les organes de cautionnem­ent. «Ce chiffre, écrit Credit Suisse, va sans doute continuer d’augmenter puisque nous ne sommes qu’au début du processus.»

Compenser le chômage partiel

Face à Guy Parmelin, les syndicats ont, eux, répété leur propositio­n d’une couverture à 100% du salaire pour les personnes à bas revenus touchées par le chômage partiel. Le droit aux réductions d’horaire de travail (RHT) doit par ailleurs être maintenu «pour le plus grand nombre d’emplois possible».

L’Union syndicale suisse (USS) lorgne aussi les milliards de réserves des assureurs maladie. «Une distributi­on rapide pourrait soutenir le pouvoir d’achat et empêcher une nouvelle chute de la consommati­on.» Enfin, pour le personnel de santé, les syndicats exigent de meilleures conditions de travail, des moyens financiers, ainsi qu’une prime spécial coronaviru­s.

 ?? (ANTHONY ANEX/KEYSTONE) ?? Guy Parmelin, le 9 octobre dernier à Berne. Selon son départemen­t, «la protection de la population et celle de l’économie n’entrent pas en contradict­ion. Plus vite la propagatio­n du virus pourra être endiguée, moins l’économie en pâtira.»
(ANTHONY ANEX/KEYSTONE) Guy Parmelin, le 9 octobre dernier à Berne. Selon son départemen­t, «la protection de la population et celle de l’économie n’entrent pas en contradict­ion. Plus vite la propagatio­n du virus pourra être endiguée, moins l’économie en pâtira.»

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