Le casse-tête des dénominations
La nomenclature des souches virales mutées n’obéit pas à des règles claires. Et les noms médiatiques, trompeurs et discriminants, n’aident pas à y voir plus clair
Les noms des variants se propagent aussi vite que le coronavirus. Aux dénominations scientifiques et techniques se mêlent des noms médiatiques, si bien que règne une certaine confusion.
Le coronavirus a été officiellement baptisé SARSCoV-2 par le Comité international de taxonomie des virus en février dernier. Mais l’organisme «ne se prononce que sur les nouvelles espèces et non sur les souches», confirme son secrétaire Elliot Lefkowitz dans un message électronique. De fait, les variants sont généralement baptisés selon leur degré de parenté génétique, réunis dans des groupes appelés clades. Les frontières de chaque clade sont floues et dépendent généralement des méthodes informatiques employées, ce qui explique la concomitance de plusieurs noms scientifiques.
Appellations trompeuses
Ainsi le variant apparu au Royaume-Uni a d’abord été baptisé «VUI-202012/01» pour «Variant Under Investigation in December 2020». Sont apparus ensuite «Variant of Concern 202012/01» puis «variant de lignée B.1.1.7». Le nom «20B/501Y.V1» a également été employé, appellation qui renvoie à un clade viral B identifié en 2020 et à la mutation du variant à la 501e position de la chaîne de la protéine Spike, mutation qui conduit à la présence de l’acide aminé tyrosine (Y) à la place d’une asparagine.
Le grand public et les médias s’embarrassent moins de ces termes techniques et n’y vont pas par quatre chemins: variant anglais, sud-africain et brésilien sont largement utilisés. Problème: ces appellations sont trompeuses. Le variant dit anglais a certes été découvert au Royaume-Uni, mais son origine géographique reste inconnue. Il s’agit peut-être davantage d’un variant indien, mexicain ou suisse importé dans le pays…
Surtout, de telles associations sont discriminantes. L’Organisation mondiale de la santé recommande des noms aptes à «minimiser l’impact négatif sur le commerce, les transports, le tourisme ou le bien-être animal, et prévenir les discriminations ethniques, culturelles, sociales, nationales, régionales ou professionnelles». C’est ainsi que la «grippe chinoise» et la «grippe de Wuhan» sont devenues le «Covid-19». Pour mettre fin à cette cacophonie, elle a organisé une réunion le 12 janvier à Genève. Il faudra certainement attendre encore un peu pour valider les noms des variants: «La nomenclature est un sacré bazar», reconnaît un bio-informaticien cité dans un article de Nature sur ce sujet.
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