Le Temps

Des rivalités qui plombent la droite

- B. W.

Comme en novembre à propos des entreprise­s responsabl­es, l’USAM et Economiesu­isse mènent deux campagnes séparées pour soutenir l’accord de libre-échange avec l’Indonésie. L’apaisement n’est pas encore réalisé

L’arrivée de l’UDC au pouvoir de l’Union suisse des arts et métiers (USAM) en 2010 a marqué une cassure avec Economiesu­isse. L’élection de Bruno Zuppiger a mis un terme à une longue alternance PDC-PLR à la tête de l’USAM. Deux ans plus tard, Bruno Zuppiger (décédé en 2016) a dû jeter l’éponge à la suite d’une affaire d’héritage mal gérée et c’est Jean-François Rime qui lui a succédé. L’USAM a ainsi été présidée pendant dix ans par un représenta­nt de l’UDC. Et son directeur, Hans-Ulrich Bigler, issu de l’aile droite du PLR, a toujours été considéré comme proche de l’UDC.

Le point culminant de cette période aura été la votation populaire sur l’initiative «Contre l’immigratio­n de masse» en février 2014. Jean-François Rime était membre du comité d’initiative. L’USAM a certes mené la bataille contre ce texte aux côtés des autres organisati­ons économique­s, mais elle était coincée aux entournure­s en raison de la position de son président.

«Un héritage du passé»

Les élections fédérales de 2019 ont cependant marqué un tournant. Ni Jean-François Rime ni Hans-Ulrich Bigler n’ont été réélus au Conseil national. C’est le démocrate-chrétien tessinois Fabio Regazzi qui a remplacé Jean-François Rime à la tête de l’USAM.

Toutefois, en raison de la pandémie, son élection n’a pas pu avoir lieu au printemps. Elle a été repoussée à l’automne. Plus consensuel, le Tessinois ambitionne d’apaiser les relations entre l’USAM et Economiesu­isse et d’enterrer les rivalités personnell­es qui les ont plombées. Mais c’était trop tard pour que cet apaisement soit déjà perceptibl­e lors des campagnes de novembre (initiative sur les entreprise­s responsabl­es) et de mars.

Ainsi, la votation du 7 mars porte encore les stigmates de ces rivalités. Deux comités distincts mènent campagne pour soutenir l’accord avec l’Indonésie. «C’est un héritage du passé», commente un connaisseu­r de la vie politico-économique suisse.

Cette double campagne sème la confusion. L’USAM a tiré la première, la semaine dernière. Economiesu­isse entre en scène lundi prochain dans le cadre d’une conférence de presse dite «principale», pilotée par le PLR. Cette situation provoque une perceptibl­e irritation dans les partis du centre droit, qui espèrent que l’USAM et Economiesu­isse enterreron­t la hache de guerre.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland