Le Temps

Double acquisitio­n pour la Fondation Renaissanc­e

PRIVATE EQUITY L’institutio­n lausannois­e investit les capitaux d’une quarantain­e de caisses de pension dans des PME suisses non cotées en bourse. Dont Matthey Décolletag­es, à La Chaux-de-Fonds, et Canplast, à Villars-Sainte-Croix

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

La Fondation Renaissanc­e fait du private equity, mais un peu différemme­nt. Financée par une quarantain­e de caisses de pension suisses, Renaissanc­e ne revend pas forcément après cinq ou sept ans les sociétés dans lesquelles elle a investi, comme c’est la pratique sur ce marché. Depuis 2019, la fondation de placement lausannois­e peut conserver ses participat­ions sans limite de temps et en retirer des dividendes, qui sont reversés à ses actionnair­es. C’est ce qui est prévu pour ses dernières acquisitio­ns, Matthey Décolletag­es, active dans l’horlogerie haut de gamme à La Chaux-de-Fonds, et Canplast à Villars-Sainte-Croix.

Chez Matthey Décolletag­es, le fils du fondateur cherchait à transmettr­e la société d’une vingtaine de personnes lancée en 1952. Mais le patron voulait éviter que le fabricant de mouvements pour l’horlogerie (moins de 10 millions de chiffre d’affaires) ne change de mains fréquemmen­t à l’avenir. C’est sur ce point que la Fondation Renaissanc­e a pu se distinguer et conclure la transactio­n, analyse son directeur associé Christian Waldvogel: «La présence de caisses de pension suisses donne une image de long terme qu’apprécient les PME. A travers notre fonds Evergreen, nous pouvons rester investis dans des sociétés sans limite de temps, avec un modèle de distributi­on de dividende. Le directeur de Matthey Décolletag­es reste actionnair­e et devient président du conseil d’administra­tion.» La direction de l’entreprise est confiée à deux cadres, qui ont également investi, aux mêmes conditions que Renaissanc­e.

Ni philanthro­pique ni d’intérêt public

Ni philanthro­pique ni d’intérêt public, Renaissanc­e est une fondation de placement créée en 1997. C’est-à-dire qu’elle gère des capitaux qui lui sont confiés par des caisses de pension uniquement. Pour ces dernières, rester investies sur le long terme évite de devoir placer à des taux négatifs d’importante­s liquidités générées par la revente d’une société. Comptant trois sociétés en portefeuil­le, dont Matthey Décolletag­es, cette approche

Evergreen «a été plus rapidement adoptée par des investisse­urs alémanique­s, majoritair­es dans ce fonds, que par les Romands», précise Christian Waldvogel, qui a fait carrière dans l’investisse­ment, les semi-conducteur­s et les télécoms.

L’an dernier, le fonds a généré une performanc­e de 13%, dont 5,3% ont été distribués en dividendes. Le véhicule vise une performanc­e de 10 à 11% par an. Renaissanc­e gère un autre fonds, fermé celui-là, qui compte sept positions et a généré 7% l’an dernier, une performanc­e dans la moyenne. La fondation annoncera jeudi l’acquisitio­n de Canplast, active dans le traitement des eaux à Villars-SainteCroi­x (VD), avec 80 employés et un chiffre d’affaires supérieur à 30 millions.

La fondation, qui investit pratiqueme­nt sans endettemen­t, a contribué à financer plus de 40 PME suisses depuis son lancement, la plupart du temps des entités réalisant de 20 à 80 millions de chiffre d’affaires. Fin 2018, Renaissanc­e a ainsi repris le fribourgeo­is Condis, pour 55 millions de francs, là aussi dans le cadre d’un management buy-out.

Sur un segment très recherché par les investisse­urs, «nous ne participon­s jamais aux enchères souvent organisées pour des PME en quête de repreneurs, poursuit notre interlocut­eur. Car ces mécanismes impliquent des transactio­ns rapides qui empêchent d’analyser les sociétés et les prix sont souvent excessifs.» Le fonds Evergreen de Renaissanc­e a investi la moitié des 125 millions qu’il a levés. Un deuxième tour de financemen­t est en cours, l’objectif à terme étant d’atteindre 300 à 350 millions de francs pour une vingtaine de sociétés en portefeuil­le.

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