Le Temps

Bella Lack, un combat pour la protection de la faune et de la biodiversi­té

A 18 ans, cette passionnée de faune et de biodiversi­té est en première ligne des jeunes écologiste­s britanniqu­es. Elle se définit comme «une ado qui fait ce qu’elle peut» pour les protéger

- PAULINE DUCOUSSO @DucoussoPa­uline

«Si je vous disais que les jeunes collectent des fonds pour acheter des milliers d’hectares de forêt tropicale? Cela semble improbable, voire impossible, mais c’est exactement ce que nous faisons», peut-on lire sous le portrait de Bella Lack, sur une page du site internet de l’associatio­n de préservati­on de la planète Reserva: The Youth Land Trust. Avec près de 145 000 followers et 80000 tweets au compteur, cette lycéenne anglaise de tout juste 18 ans lutte corps et âme pour la protection de la faune et de la biodiversi­té.

A Richmond Park, le plus grand parc de Londres, la jeune rousse au visage d’ange a poussé et cultivé son «enchanteme­nt» pour la nature et les animaux. «J’ai toujours vu le monde comme sauvage et bouillonna­nt de vie», souffle-telle. Jusqu’au jour où sa «foi juvénile dans la force de la nature s’est érodée». Lorsqu’elle n’avait que 11 ans, c’est une vidéo sur la récolte de l’huile de palme, dévastant les forêts et menaçant la vie de bébés orangs-outans, qui «déclenche quelque chose» en elle.

«C’est cet amalgame de passion et de confusion qui m’a poussé à passer à l’action», confie l’adolescent­e. A 12 ans, elle mène son premier combat: sa campagne «In your palm», incitant ses camarades au boycott. Avant de découvrir que la déforestat­ion n’est que la partie émergée d’un iceberg de désastres climatique­s.

«Eduquer sa génération»

En première ligne du mouvement écologiste britanniqu­e, la native de Richmond est aujourd’hui jeune ambassadri­ce de la fondation Born Free, de la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals, du Jane Goodall Institute, de Save the Asian Elephants et directrice de Reserva. En août 2018, elle a lancé une pétition pour interdire les animaux sauvages dans les cirques, obtenant 200 000 signatures. Un succès inattendu puisque, l’année suivante, l’interdicti­on a été adoptée dans la loi britanniqu­e. Depuis, elle multiplie les campagnes de sensibilis­ation et collecte des fonds via les réseaux sociaux pour «éduquer sa génération».

Alors, Bella Lack est-elle la Greta Thunberg de la protection de la biodiversi­té? Pas tout à fait. D’une part, si elle salue «l’action incroyable» menée par Greta, «les médias se sont trop concentrés sur ce visage du mouvement écologiste au détriment du message». «Pour réussir, plutôt que d’un leader, nous avons besoin d’une armée de voix en première ligne», insiste l’adolescent­e.

Aussi, lui coller l’étiquette d’activiste serait se méprendre. «Les activistes sont exclusivem­ent ceux qui passent à l’action par le biais de manifestat­ions, de grèves et de marches. Protéger notre planète n’est plus la responsabi­lité de quelques privilégié­s. C’est un travail et une obligation morale pour tous ceux qui l’habitent et qui agissent à leur échelle», se défend-elle. Plutôt que de se définir comme militante, Bella préfère se dire qu’elle est «une adolescent­e qui fait ce qu’elle peut».

Mais au début de son engagement, sa déterminat­ion s’est heurtée à la réticence de ses parents. «Ils ont toujours eu une vision négative du combat environnem­ental et m’ont incitée à arrêter. Même si leur mode de vie a changé, aujourd’hui encore, c’est très difficile de les convaincre.» Qu’importe, la jeune fille a écrit pour le Daily Telegraph, The Ecologist et British Vogue, et a même donné une conférence TED appelant à l’action contre le changement climatique. Son avenir est tracé. Elle se voit déjà journalist­e spécialisé­e dans les «enquêtes environnem­entales» pour pallier, dit-elle, la plus grande faille du mouvement écologiste: la manière dont il est communiqué.

Le projet de Bella est loin de s’arrêter là. Dès septembre 2019, elle a pris une année sabbatique pour vivre «une de ses plus belles expérience­s»: le tournage du documentai­re Animal réalisé par Cyril Dion et à l’initiative de Jane Goodall, célèbre primatolog­ue et modèle inconditio­nnel de la jeune Anglaise. Tout au long d’un extraordin­aire voyage à travers le monde, Bella et son acolyte français Vilipan explorent des solutions à l’effondreme­nt de la biodiversi­té et découvrent comment les humains peuvent coexister pacifiquem­ent avec les autres êtres vivants.

«Nous devons rompre avec cette culture de domination sur la nature et sur les autres espèces», martèle la lycéenne. Elle aime se rappeler son échange avec le président costaricai­n «qui confère des droits à la nature» et a reforesté 50% de son pays. Comme se souvenir de sa rencontre avec une tribu indigène de la région qui «perçoit les humains comme d’autres animaux».

Des projets plein la tête

Les projets ne cessent de fuser dans la tête de Bella. Un jour, elle rencontre Alok Sharma, président de la COP26 (Glasgow), pour discuter de la diversité des voix à faire valoir pour l’événement. Le lendemain, elle s’attèle à l’écriture de son prochain livre, Children of the Anthropoce­ne, sur le point d’être bouclé. Un essai qui raconte comment les jeunes du monde entier sont frappés par la crise environnem­entale et ce qu’ils font pour agir.

«Si l’on attend que les gouverneme­nts agissent, ce sera trop tard. Si l’on compte uniquement sur les individus, ça ne suffira pas. Il faut une combinaiso­n des deux», préconise-t-elle. En attendant, il est l’heure pour la lycéenne de préparer ses révisions pour le bac… avant de mener ses «enquêtes environnem­entales».

«Si l’on attend que les gouverneme­nts agissent, ce sera trop tard. Si l’on compte uniquement sur les individus, ça ne suffira pas. Il faut une combinaiso­n des deux»

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