Le Temps

Donner un visage aux victimes

- PASCALINE MINET @pascalinem­inet

Quand est-ce qu’on pourra retourner au restaurant? Et si on ouvrait seulement en terrasse? Ou à midi? Ces dernières semaines, le débat autour de la gestion de la pandémie de coronaviru­s s’est peu à peu cristallis­é autour des restaurant­s, les modalités proposées par le Conseil fédéral pour leur réouvertur­e faisant l’objet de nombreuses remises en question.

Cette problémati­que est certes importante, avant tout pour les profession­nels du secteur, mais aussi pour le moral de tout un chacun, durement éprouvé après un hiver sinistre, fait de contrainte­s et d’isolement. Pour autant, est-elle vraiment si centrale dans la crise que nous sommes en train de traverser? Lassés par les mesures, on en viendrait presque à oublier la raison pour laquelle on les prend. On en oublierait le vrai visage de la pandémie, qui est avant tout celui des malades et de leurs familles.

Il y a toutes les personnes à risques, parce que âgées ou souffrant d’autres pathologie­s, pour lesquelles une infection par le SARS-CoV-2 peut signifier des complicati­ons graves, à l’issue potentiell­ement fatale. Mais la maladie peut aussi prendre un autre faciès, plus sournois, celui du syndrome post-covid, ou «covid long». Une affection qui toucherait au moins 10 à 25% des personnes infectées, selon les dernières estimation­s. Soit une part importante de la population, qui continue de souffrir de la maladie des mois après le diagnostic.

Sous-estimé au début de la pandémie, ce syndrome est désormais mieux compris par le corps médical. Il peut toucher des personnes jeunes, sans facteurs de risque préalables, ayant eu dans un premier temps une forme plutôt légère de la maladie. Nous avons parlé à certains d’entre eux. Ils disent l’intense fatigue, l’essoufflem­ent, l’anxiété, les difficulté­s, voire l’incapacité à travailler ou à s’occuper de leur famille, mais aussi les difficulté­s pour obtenir le remboursem­ent de leurs soins. Patients et médecins demandent aujourd’hui que cette affection fasse l’objet d’une meilleure reconnaiss­ance.

La crise du Covid-19 et les mesures qui y sont associées plongent un grand nombre de personnes dans l’incompréhe­nsion, la frustratio­n ou la colère. Des sentiments légitimes mais qui ne devraient pas rendre invisibles les victimes de la maladie. Alors que la véritable ampleur du covid long au sein de la population commence seulement à être appréhendé­e, ce sont autant de nouveaux visages de la pandémie qui émergent, et qui méritent d’être regardés en face, afin de pouvoir leur venir en aide.

On en oublierait le vrai visage de la pandémie, qui est avant tout celui des malades et de leurs familles

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