Charles Taban, biologiste et psychiatre hors du commun
Michel Schorderet, professeur titulaire de pharmacologie à l’Université de Genève depuis 1994, évoque ici la mémoire du Genevois disparu qu’il a bien connu
Charles Taban nous a quittés à la fin de l’année dernière, une énième victime de ce virulent Covid-19. Même nonagénaire, il avait gardé toute la bonhomie et la truculence d’un authentique Genevois jusqu’à ses derniers jours. Né à Genève le 17 décembre 1925, il a effectué dans cette ville ses études primaires et secondaires (Collège Calvin), puis entrepris avec succès des études de médecine, couronnées par deux doctorats, en médecine en 1955 et en biologie en 1957.
Son stage à la clinique BelAir comme interne en 1952 l’a aiguillé vers la psychiatrie, spécialité qu’il n’a jamais quittée. Il épouse la même année Lucie Jaccard, une juriste fraîchement diplômée, qui va l’accompagner durant plus de soixante ans. Comme beaucoup de jeunes médecins genevois de cette époque, Charles Taban se rend à Paris pour un stage d’une année à l’hôpital de la Salpêtrière. Il retourne à Genève et ouvre son cabinet à Chêne, où il va exercer, en qualité de généraliste et psychiatre durant quarante-deux ans, sauf pendant ses trois années de séjour aux Etats-Unis.
Il déménage effectivement avec sa famille (dont ses trois enfants) à East Lansing (Michigan State University) où, professeur invité, il s’adonne à une activité de chercheur dans le domaine de la régénération, sujet qui va le passionner toute sa vie. En qualité de psychiatre, il exerce également comme un généraliste disponible, n’hésitant pas à se déplacer en cas d’urgence et pratiquant même les accouchements à domicile.
Il s’intéresse en plus aux problèmes de l’addiction chez les jeunes en tant que membre du conseil de la Fondation Phénix, créée en 1986, dont il est président du comité scientifique jusqu’à plus de 80 ans.
Il préside également le Conseil de surveillance psychiatrique impliqué dans le jugement des internements non volontaires. Il est aussi dès 1957 un membre permanent des Sauveteurs auxiliaires de Chêne-Bougeries.
En plus de toutes ces activités, il poursuit ses recherches biologiques et organise à Genève en 1990 un congrès mondial sur le thème de la régénération en présence des meilleurs spécialistes. Dans les caves de BelleIdée ou de sa propre maison, il élève des hydres et des tritons, qui sont encore des modèles vivants appropriés pour l’étude de la régénération, qui fera l’objet de nombreux articles, dont le dernier en 2017 pour l’Université de Genève!
Repose en paix, Charles Taban, tu as été un époux attentionné, un père et un grand-père sensible et généreux, un médecin polyvalent et un chercheur passionné ouvert à toutes les percées biologiques accomplies durant ta brillante existence.