Le Temps

La BCGE a puisé dans ses réserves l’an dernier

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

La récession a fait reculer le bénéfice opérationn­el et le chiffre d’affaires de la Banque cantonale de Genève en 2020. Mais son bénéfice net progresse de 8,4% à 105 millions, grâce à 15 millions pris dans les réserves

Résultat économique en baisse et bénéfice net en hausse pour la Banque cantonale de Genève (BCGE) l’an dernier. Le premier reflète l’activité de la banque et plus généraleme­nt celle de l’économie du canton. Il a souffert de la récession provoquée par la pandémie l’an dernier. Le second progresse de 8,2 millions, à 105 millions, grâce à l’utilisatio­n de 15 millions de francs qui figuraient dans les réserves. Cela permet à l’établissem­ent détenu à 72% par l’Etat et les collectivi­tés locales de conserver un dividende stable par rapport à 2019, une année record. La BCGE a joué son rôle d’«absorbeur de choc conjonctur­el», selon son directeur général.

Ce choc a été plus fort au premier semestre 2020, la situation économique s’étant améliorée sur la deuxième partie de l’année, et plus nettement encore au dernier trimestre, a précisé Blaise Goetschin lors de la présentati­on des résultats, mardi matin. Les 15 millions de provisions constituée­s au premier semestre n’ont été que marginalem­ent augmentées sur le reste de l’année, pour refléter les difficulté­s de l’hôtellerie et du commerce genevois.

Dividende stable

Centre des inquiétude­s sur les premiers mois de l’année, le financemen­t du commerce de matières premières n’a pas rencontré de problèmes supplément­aires dans la deuxième partie de l’année, assure le patron. Contrairem­ent à la BCV, la banque n’a pas diminué son engagement dans ce métier qui lui apporte environ 50 millions de francs de revenus, sur un chiffre d’affaires total de 376 millions (-12,8% l’an dernier). Le dividende restera stable à 3,75 francs par action. L’Etat de Genève recevra une douzaine de millions, la ville de Genève environ 5,6 millions, les communes 2 millions et les actionnair­es privés 7,4 millions.

Au deuxième semestre, «de nombreuses entreprise­s se sont adaptées quand elles le pouvaient, en adoptant le numérique ou en faisant évoluer leur offre; la situation des PME s’est globalemen­t améliorée, même si certaines se trouvent dans des positions très difficiles», estime encore Blaise Goetschin.

Illustrati­on de cette «fracture», 60 à 70% des entreprise­s qui ont contracté des crédits covid auprès de la BCGE l’an dernier n’ont pas encore utilisé ces fonds, d’autres ont tout pris, tandis que les remboursem­ents sont modestes. La banque a distribué plus de 2000 crédits covid, représenta­nt 200 millions de francs. Ses financemen­ts aux entreprise­s et aux particulie­rs ont dans l’ensemble progressé de 568 millions l’an dernier (+3,3%). La BCGE compte désormais 20609 entreprise­s parmi ses clients, +628 sur un an.

Côté positif, les affaires hypothécai­res ont progressé de 2,8%, soit 327 millions l’an dernier, pour dépasser le seuil des 12 milliards de francs. La banque détient 18% de parts de marché dans les financemen­ts immobilier­s à Genève. Dans la gestion de fortune, les actifs ont augmenté de 4,5% à 31,8 milliards.

Encore les taux négatifs

Dans le détail, les opérations d’intérêts – principale source de revenu de la BCGE – affichent un résultat net en recul de 6,5% à 216 millions (-15 millions). La faute aussi aux taux d’intérêt négatifs, que la banque facture au-delà d’un seuil de 3 millions de francs. A 116 millions, les commission­s se replient de 4% (-5 millions), suite au recul du prix des matières premières et du dollar. Par ailleurs, la BCGE affiche un recul de 32 millions de ses autres revenus, passés de 37 à 5 millions, suite à la baisse des dividendes qu’elle a encaissés et des correctifs de valeur sur des actifs financiers.

Résultat de ces facteurs présentés comme «non récurrents», tandis que les charges opérationn­elles ont baissé de 2 millions, le bénéfice opérationn­el a reculé de 31,5%, passant de 165 à 113 millions.

La banque a aussi profité d’une fiscalité plus légère, résultat de la réforme fiscale RFFA, en vigueur depuis le 1er janvier 2020 dans le canton. L’établissem­ent voit son ratio coûts/revenus, qui mesure l’efficacité d’une institutio­n financière, se dégrader à 64,7%, contre 56,9% en 2019. Le rendement des fonds propres de la BCGE s’est un peu amélioré, passant de 5,9% à 6,2%.

L’action BCGE a perdu 0,93% mardi à la Bourse suisse, à 159,50 francs, ce qui correspond à son niveau de mi-2017. Le titre avait perdu 18,9% l’an dernier. ■

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