Le Temps

Historique aujourd’hui, efficient demain

- PRÉSIDENT UDCVR, DÉPUTÉ ET CONSEILLER MUNICIPAL À SION

Les dernières élections au Conseil d'Etat valaisan revêtent un caractère historique dont nous ne mesurons pas encore complèteme­nt l'ampleur. Tout d'abord, elles permettent aux principaux partis cantonaux de se voir représente­r au sein du gouverneme­nt sans devoir subir le détestable jeu de la chaise musicale. En effet, lors des élections de 2013, l'UDCVR avait ravi le siège au PLR, contraigna­nt ce parti à s'installer dans une dynamique d'opposition dont il ne maîtrisait pas les codes. Quatre ans plus tard, le PLR faisait son retour avec un néophyte en politique, renvoyant notre parti à son statut, hélas trop fréquent à mon goût, de force d'opposition.

Aujourd'hui, avec la présence de ces deux partis de droite aux côtés du Centre et du Parti socialiste, une forme d'équilibre est finalement atteint. Ensuite, c'est la majorité historique du PDC qui s'est effondrée, dans un mouvement certes amorcé depuis quelques années – perte de la majorité dans les villes en 2012, puis au Grand Conseil en 2013 – mais qui tardait à se concrétise­r au niveau du Conseil d'Etat. Les premières fissures étaient apparues lors de l'élection au Conseil des Etats de 2019, puisqu'il ne manquait que quelques centaines de voix à Mathias Reynard pour ravir un des deux sièges à la Chambre des cantons. Si ce dernier avait été élu, que se serait-il passé le 28 mars dernier?

Au-delà des faits et des chiffres, ce qui interpelle, c'est le sens à donner à cet événement électoral. Les Valaisans, en élisant cinq magistrats issus de quatre partis, ont clairement indiqué que la politique partisane – de père en fils, quand ça ne remonte pas plus loin – connaît une forme d'épilogue. Aujourd'hui ce qui importe, c'est la représenta­tivité. Linguistiq­ue en premier lieu. C'est un débat connu puisque les Haut-Valaisans la défendent avec la vigueur qu'on leur connaît et tant mieux pour eux. Politique ensuite, qui elle est la grande nouveauté puisqu'elle touche aux valeurs. En effet, l'UDC a souvent fait les frais d'alliances bancales sans lendemain avec des partis qui se disent, selon l'occasion, proches des thématique­s que nous défendons. Cela a été le cas dans le canton de Vaud et à Fribourg. En 2021 en Valais, ce sont tous les partis, à l'exception des Vert·e·s, qui ont appelé à voter pour l'UDC Franz Ruppen. En Valais romand parce qu'il était UDC et Haut-Valaisan et en HautValais parce qu'il était un représenta­nt de la minorité linguistiq­ue.

Rassembler le PS, Le Centre et le PLR derrière un candidat UDC est un événement suffisamme­nt rare pour le marquer d'une pierre blanche. Bien entendu, la personnali­té de Franz Ruppen, président de commune et conseiller national, n'y est pas étrangère. Mais ce n'est pas la seule raison. Les PS-PLR-UDCVR s'étaient entendus pour un «appel» à défendre la représenta­tivité et l'unité cantonale. Cela a bousculé le PDC qui a eu peur de condamner le second siège de la minorité germanopho­ne du canton. Ainsi, les présidents de parti ont su écouter l'appel des Valaisans qui avaient émis un premier avis lors des élections au Grand Conseil. En effet, les sièges perdus par certaines formations se voyaient redistribu­és pour figurer un nouveau panorama politique. Le souverain a donc donné une direction et une marche à suivre. Lors du second tour à l'élection au gouverneme­nt, les citoyens n'ont fait que réitérer leur intention du premier tour.

A l'heure de la rédaction de ces quelques lignes, les changement­s ne sont pas encore effectifs, le Conseil d'Etat n'entamant sa législatur­e que le 1er mai. En revanche, les réactions du «système» se lisent dans les récentes décisions d'une majorité s'accrochant aux dernières bribes de son pouvoir: création contestée de services et donc de chefs de service lors de l'ultime séance du Grand Conseil, désignatio­n des administra­teurs de la BCVs par un gouverneme­nt dont deux membres sont sur le départ, nomination d'un directeur média qui vient à peine de boucler la campagne du candidat malheureux du PDC. Sans parler de toutes les tractation­s de l'ombre dont les échos ne sont perceptibl­es que par les fuites de palais, comme la tentative d'imposer des collaborat­eurs aux nouveaux élus.

Confiant dans la nouvelle équipe désignée par les citoyens, ces quelques dernières chicanerie­s ne sont que les spasmes d'un système qui finit de s'essouffler. Ce nouvel équilibre pacifiera les relations entre le parlement et le gouverneme­nt, afin de mieux servir les intérêts de notre canton. ■

Rassembler le PS, Le Centre et le PLR derrière un candidat UDC est un événement suffisamme­nt rare pour le marquer d’une pierre blanche

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CYRILLE FAUCHÈRE

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