Les épreuves mixtes, fausse bonne idée?
Historiquement et à l’exception de quelques disciplines (tennis et ski notamment), le sport a d’abord été réservé aux hommes. Il s’est ouvert progressivement aux femmes, très lentement et toujours avec le souci de les «protéger». Il en reste aujourd’hui des haies moins hautes et un poids moins lourd en athlétisme, un filet moins haut en volleyball, un départ plus bas à l’Xtreme de Verbier. Les femmes ne disputent que l’heptathlon et non le décathlon, jouent au tennis en trois sets et non en cinq. La suppression de ces différences est souvent évoquée, en vain pour le moment.
Les fédérations sportives internationales sont beaucoup moins réticentes à créer de nouvelles compétitions mixtes, notamment dans toutes les disciplines où il est possible d’organiser des courses de relais. Cela existe en ski alpin, biathlon, athlétisme, natation, avec l’espoir de rajeunir l’image et féminiser l’audience.
Les sports où les sportives sont les mieux mises en valeur médiatiquement, comme le tennis, l’athlétisme, le ski ou la gymnastique, sont aussi ceux qui s’opposent le plus nettement à des compétitions mixtes. La Fédération internationale de ski (FIS) a ainsi plusieurs fois refusé à Lindsey Vonn de descendre avec les hommes. «Ces sports ont développé deux produits, avec chacun une identité, un public, un marketing spécifiques, explique Fabien Ohl. Ils auraient plus à perdre, et les Etats aussi, qui comptabilisent chaque médaille et leur accordent à toutes la même valeur. Le pouvoir des fédérations dépend directement du nombre de médailles.»
Lors des derniers Mondiaux à Cortina, la FIS a fait disputer les Super-G hommes et dames le même jour, sur la même piste, sur le même parcours. Ce cas de figure quasi inédit a permis de constater que la vainqueur de la course féminine, Lara Gut-Behrami, se serait classée 32e chez les hommes.
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