En attendant le résultat des enquêtes lancées au sein de la RTS
Le conseil d’administration de la SSR communiquera cette fin de semaine sur les enquêtes menées depuis novembre au sein de la télévision romande
Le dénouement est proche. Près de six mois après les révélations par Le Temps de dysfonctionnements au sein de la télévision romande, le résultat des différentes enquêtes lancées par le service public sera révélé jeudi ou vendredi. Tout d'abord annoncée «au plus vite» avant qu'elle ne soit évoquée pour février 2021, puis avril, leur parution est particulièrement attendue, en Suisse comme en France.
220 témoignages recueillis
Deux cadres de la RTS mentionnés dans l'article du Temps sont suspendus depuis novembre alors que Bernard Rappaz, chef de l'actualité TV romande, s'est mis en retrait. A Paris, LCI, le nouvel employeur de l'ancien présentateur suisse Darius Rochebin, dit également attendre les conclusions de ces investigations pour statuer. Enfin, elles pourraient aussi contenir des indications sur les actions de Gilles Marchand, directeur de la SSR anciennement directeur de la RTS entre 2001 et 2017 – période durant laquelle se sont déroulés la plupart des faits. Ou encore sur celles de Pascal Crittin, directeur actuel de la RTS.
«Trois procédures sont en cours», détaille Lauranne Peman, porte-parole de la direction générale du service public suisse: «Les trois cas dénoncés dans votre enquête, la chaîne de responsabilités les concernant à la RTS, et le dispositif existant à disposition des collaboratrices et collaborateurs du groupe pour dénoncer des situations de harcèlement.»
«A la suite de l’enquête du «Temps», la RTS a pris conscience que quelque chose n’allait pas»
LAURANNE PEMAN, PORTE-PAROLE DE LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SSR
Commençons par la première. L'analyse des dysfonctionnements directement liés aux trois personnalités évoquées dans notre article a été confiée au cabinet Troillet Meier Raetzo, spécialisé dans le droit du travail. L'étude d'avocats a été approuvée par le comité des ressources humaines du conseil d'administration de la SSR et mandatée par la direction de la RTS et le Syndicat suisse des mass media (SSM).
Un «Collectif de défense» a par ailleurs été mandaté par la RTS pour toutes doléances – concernant les trois cas susmentionnés ou non. A ce jour, il a recueilli près de 220 témoignages. Compte tenu de l'importance de ce nombre, «on peut penser que ces derniers ne concernent pas uniquement les cas de harcèlement que vous avez révélés», indique Lauranne Peman. Si elles devaient se justifier, d'autres procédures pourraient donc intervenir dans un deuxième temps. Le cas échéant, elles devraient également revenir au cabinet Troillet Meier Raetzo. Mais revenons aux enquêtes dont la parution est prévue pour la fin de semaine.
La deuxième enquête, dont le rôle est de déterminer si la hiérarchie a correctement exercé ses responsabilités à l'interne, a été confiée à deux experts: Muriel Epard, ancienne présidente du Tribunal cantonal vaudois, et Stanislas Zuin, ancien président de la Cour des comptes du canton de Genève. Aucune information n'a pour l'instant filtré à son sujet. Les hautes sphères connaissant déjà la teneur des enquêtes, Le Temps a tout au plus appris que «plusieurs décisions devaient encore être prises cette semaine».
«Les rendus publics seront anonymisés»
L'implication des organes hiérarchiques est scrutée de près, notamment par la presse d'outre-Sarine. «Plusieurs journalistes alémaniques ont d'ores et déjà demandé un créneau d'interview avec Jean-Michel Cina, le président du conseil d'administration de la SSR», révèle sa porte-parole. La presse parisienne est également à l'affût. Lauranne Peman ne souhaite pas donner davantage d'informations sur le contenu des enquêtes à l'égard des personnes suspendues, volontairement en retrait ou écartées depuis novembre. Cependant elle prévient: «Les rendus publics seront anonymisés.»
Enfin, la dernière investigation concerne les failles manifestes des instruments destinés à «protéger l'intégrité personnelle» des collaboratrices et collaborateurs. «A la suite de l'enquête du Temps, la RTS a pris conscience que quelque chose n'allait pas, dit Lauranne Peman. Que nos outils internes fonctionnaient mal.» Menée par la révision interne de la SSR, qui dépend directement de son conseil d'administration, cette troisième enquête révélera si les moyens à disposition «sont suffisamment connus», s'ils «sont utilisés», mais surtout s'il est «nécessaire d'en créer de nouveaux», conclut la porte-parole.
«Il faudra juger sur pièces»
Indépendamment du résultat des investigations, Valérie Perrin, secrétaire du SSM genevois, salue déjà une situation qui a «permis d'avancer sur certaines choses». A quelques jours du dénouement, elle indique cependant espérer «des changements structurels en profondeur». «La seule manière de les obtenir, ditelle, c'est d'impliquer davantage le personnel dans le processus décisionnel. Des propositions concrètes ont été transmises à la direction. Nous jugerons sur pièces des décisions de la SSR et de ses justifications. Enquêter, c'est une chose. Suivre les recommandations en est une autre.» ■