L’UE critique vertement le Royaume-Uni
La confiance est au plus bas entre Londres et l’Union européenne plus de cent jours après l’entrée en vigueur de leurs nouvelles relations. Le Parlement européen, qui doit ratifier la négociation à la fin du mois, est tenté de marquer le coup
Alors que le Parlement européen doit ratifier en principe l’accord commercial négocié fin décembre avec Londres, la tentation est grande chez certains de marquer le coup et de faire comprendre au tout jeune pays tiers qu’est devenu le Royaume-Uni que l’on n’aime pas beaucoup son attitude, entre reniement de l’accord sur l’Irlande du Nord et «guerre d’image» agressive avec l’Union européenne (UE) sur la vaccination. Ce vote, qui ne devrait être qu’une formalité pour cette institution, pourrait donc bien se transformer en une liste de griefs adressée à Boris Johnson.
Mardi, le Parlement a d’ailleurs décidé d’utiliser pleinement ce moment et de garder le silence sur la date officielle. Une commission spécialisée votera bien sur le sujet dans les prochains jours mais la décision sur la ratification finale sera prise plus tard.
Les élus devaient initialement voter en février puis ont voulu plus de temps pour digérer l’accord touchant à la pêche, à la coopération économique et aux affaires intérieures. Mais maintenant, ce n’est plus un problème de compréhension qu’ils font valoir mais «un gros problème de confiance», comme l’explique l’eurodéputé belge et coprésident des Vert·e·s Philippe Lamberts, Londres ayant déjà violé à deux reprises «le droit international» et renié sa parole. Et, selon lui, «avec ce gouvernement nationaliste», ça n’ira clairement pas en s’arrangeant.
Au Parlement comme à la Commission ou au sein des Etats membres, on est peiné par les images des violences en Irlande du Nord. Mais on n’a pas oublié que, juste avant, Londres avait décidé unilatéralement de ne pas appliquer l’accord sur les contrôles douaniers dans la province. En octobre, c’est une autre loi britannique qui avait mis en cause ce même accord sur l’Irlande du Nord. Deux fois en six mois, donc. Un peu trop pour Philippe Lamberts, partisan de repousser la ratification «tant que Londres n’a pas donné tous les gages».
Un «no deal» au 30 avril ne serait, selon lui, pas plus dommageable que ce qui se passe depuis janvier avec des obstacles en tout genre rencontrés par les exportateurs et autres entreprises. Le scénario semble toutefois improbable. «Le problème avec Londres, c’est que Boris Johnson ne fait que jouer l’antagonisme avec l’UE», dit une source, que ce soit sur la vaccination ou sur l’Irlande du Nord où l’UE fait figure de repoussoir.
Pas une partie de plaisir
Au sein des Etats membres, on a l’impression que les Britanniques n’ont pas l’intention d’appliquer l’accord signé. A la Commission, on reconnaît que le partenaire britannique sera difficile. «On s’en doutait un peu mais ce qu’on ne savait pas, c’est qu’ils reviendraient une seconde fois sur l’accord de retrait et le protocole nord-irlandais», dit un familier du dossier. En mars, l’institution a d’ailleurs lancé une action légale contre Londres. «Ils essaieront de tirer avantage de tout», renchérit une source. Même si cent jours ne «suffisent peut-être pas» à se faire une idée définitive sur l’ensemble de la relation.
Pour François-Xavier Bellamy, les relations avec Londres ne seront sans doute pas une «partie de plaisir» et il faudra une «vigilance» de l’UE, tout en évitant toutefois la «logique du ressentiment», qui ne rendrait vraiment pas l’UE «plus attractive». Car sur l’Irlande du Nord, la Commission aussi a été maladroite en janvier, rappelle-t-il.
Mais l’élu Les Républicains a des doutes, sur la pêche notamment, quand Londres demande «des preuves d’antériorité» de la présence des bateaux européens dans les eaux britanniques, plus complexes à apporter pour les petits bateaux. Le député avoue ne pas savoir si cela relève de tracas administratifs imprévus ou bien d’une «mauvaise foi» de Londres et d’une volonté, là aussi, de relire l’accord sur les quotas.
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