Le covid entraîne des risques accrus pour les malades du coeur
Selon une étude réalisée aux Hôpitaux universitaires de Genève et publiée dans le «BMJ», les personnes ayant eu des maladies cardiovasculaires et hospitalisées sont plus à risque de complications, voire de décéder du Covid-19. Une surveillance plus soutenue est requise, selon les auteurs
On le sait depuis le début – ou presque – de la pandémie: les probabilités de souffrir d’une infection grave associée au Covid-19 ou d’être hospitalisé, transféré aux soins intensifs ou même de décéder de cette pathologie varient considérablement selon l’âge et la présence de certains facteurs de risque.
Bien que des études aient démontré que 20 à 25% des personnes atteintes d’une forme grave de la maladie ne présentaient aucune prédisposition préalable, la présence d’autres pathologies sous-jacentes joue tout de même un rôle important dans le pronostic d’évolution de la maladie.
On a ainsi souvent parlé d’hypertension, de diabète, d’obésité et de maladies respiratoires chroniques comme étant associés à des formes plus sévères de la pathologie. Une étude réalisée par une équipe genevoise, et publiée le 8 avril dans la revue Openheart du British Medical Journal, vient plus spécifiquement pointer les risques encourus par les patients atteints de maladies cardiovasculaires. Une population que les auteurs considèrent comme particulièrement vulnérable au regard de leurs conclusions.
Réalisée sur 839 patients d’un âge médian de 67 ans (dont 54% d’hommes), la recherche conduite aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) s’est attelée à analyser tous les paramètres cliniques et biologiques des patients hospitalisés pour un Covid-19 entre la fin février et la fin avril 2020 et sortis de l’hôpital ou décédés au 5 juin. Parmi eux 33%, soit 277 patients, avaient des antécédents de maladies cardiovasculaires, 47% (392 malades) avaient de l’hypertension et 27% (206 personnes) souffraient d’obésité.
Résultats: 51% des malades (141 sur 277) avec des antécédents cardiaques ont présenté des complications sévères ou n’ont pas survécu, contre 15% (83 sur 562) des patients non touchés par des affections cardiovasculaires préexistantes.
«Au cours de notre étude, nous avons aussi pu constater que l’obésité ou l’hypertension ne semblaient pas particulièrement associées à des événements indésirables graves, détaille François Mach, médecin-chef du service de cardiologie des HUG et coauteur du travail en question. Par contre, les patients ayant eu un infarctus, un pontage coronarien, qui souffrent d’une maladie cardiaque – qu’elle soit vasculaire ou non –, mais aussi de bronchopneumopathie chronique obstructive, et plus spécifiquement lorsqu’il s’agit d’hommes de plus de 75 ans, ont davantage de probabilités de subir des complications sévères durant leur hospitalisation.»
Selon l’analyse genevoise, les patients hospitalisés atteints de Covid-19 et présentant des antécédents de maladies cardiovasculaires courent un risque
«Les complications cardiaques rencontrées sont principalement liées au fait que les poumons ne ventilent plus assez»
FRANÇOIS MACH, MÉDECIN-CHEF DU SERVICE DE CARDIOLOGIE DES HUG
accru de développer une insuffisance cardiaque (11% des patients étaient concernés), de l’arythmie, un infarctus du myocarde ou de mourir, la cause du décès étant, dans 86% des cas, une insuffisance respiratoire. «Nous avons observé très peu d’accidents vasculaires cérébraux et moins de 1% de cas de myocardites [une inflammation du muscle cardiaque causée par une infiltration de cellules virales, ndlr], pointe François Mach. Les complications cardiaques rencontrées sont principalement liées au fait que les poumons ne ventilent plus assez.»
Vacciner aussi les plus jeunes
Si les auteurs entendent désormais analyser les mêmes paramètres chez des patients hospitalisés au cours de la deuxième vague, les résultats de cette étude devraient aider à mieux identifier les patients sujets à de possibles complications sévères. «On a beaucoup appris ces derniers mois, on donne de l’oxygène plus tôt aux patients et on administre également plus rapidement de la dexaméthasone [un stéroïde qui permettrait, selon l’essai clinique Recovery, de réduire d’un tiers la mortalité chez les patients les plus gravement atteints, ndlr], explique François Mach. On sait que les patients à risque peuvent décompenser en 48 heures, c’est la raison pour laquelle on renforce particulièrement leur surveillance.»
Si la campagne de vaccination a, semble-t-il, déjà permis de protéger une partie de la population vulnérable de plus de 75 ans, les personnes plus jeunes ayant une maladie cardiovasculaire devraient également se voir administrer prioritairement des doses de vaccin, selon le spécialiste. «Quel que soit l’âge des patients, ces derniers devraient rapidement se faire vacciner. S’ils ne sont pas plus à risque que la population générale d’être infectés par le SARS-CoV-2, ils ont plus de probabilité de développer une forme sévère de la maladie.»
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