Cinquante millions dans les banques suisses
En tant que gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salamé est ce que l’on appelle une personne politiquement exposée (PEP). Ce statut requiert une «obligation de diligence particulière» de la part des banques en raison de l’article 6 de la loi fédérale sur le blanchiment (LBA). Mais comme la procédure pénale du MPC le démontre, cela ne l’aurait pas empêché d’ouvrir plusieurs comptes en nom propre dans plusieurs établissements. Le Ministère public estime avoir découvert «des avoirs de Riad Salamé pour un montant évalué approximativement à 50 millions de dollars dans des banques en Suisse».
Un compte chez UBS, aussi
Le parquet révèle ainsi qu’en plus de son compte chez Julius Baer, le gouverneur de la Banque du Liban aurait ouvert un compte à UBS en avril 2012. En quatre ans, 7,5 millions de dollars y auraient été transférés en provenance du compte personnel de Riad Salamé à la Banque du Liban.
L’ensemble de ces sommes auraient été investies dans des obligations.
En juin 2016, c’est auprès de Credit Suisse cette fois que Riad Salamé aurait ouvert un compte, et l’aurait crédité de 4,15 millions de dollars en provenance de son compte de la Banque du Liban. Enfin, en 2018, le même modus operandi se serait répété auprès de la Banque Pictet à Genève. Lors de l’ouverture de ce compte en 2018, 2 millions d’euros y auraient été versés. Dans la même journée, ils auraient été suivis d’un versement de 3 millions de dollars, toujours en provenance du Liban.
Selon nos informations, la banque privée genevoise a contacté les autorités suisses en août 2020, suite à un article sur le gouverneur paru dans le journal libanais L’Orient-Le Jour. Le 27 octobre, l’autorité pénale en demandera officiellement le gel au moyen d’une ordonnance pénale. Elle fera de même pour les comptes ouverts à Credit Suisse et à UBS. Contactés, les trois établissements bancaires ont répondu ne pas pouvoir s’exprimer sur ces procédures. ▅