Un vaccin contre le covid administré avec un spray nasal
Plutôt qu’une piqûre, les chercheurs qui travaillent sur le vaccin contre le Covid-19 se concentrent désormais sur de nouvelles méthodes d’administration. Une substance à prendre sous forme de spray nasal ou d’inhalateur pourrait bientôt faire son chemin dans les pharmacies
Tous les vaccins homologués contre le coronavirus sont administrés avec une piqûre intramusculaire. Mais bonne nouvelle pour les bélonéphobes (les phobiques des aiguilles): la seringue ne serait pas l'unique méthode de vaccination possible. De nombreuses entreprises à travers le monde cherchent désormais à créer des versions qui pourraient s'inhaler au lieu de s'injecter.
Ces vaccins se présentent sous la forme d'un inhalateur ou d'un spray nasal. Techniquement, ils fonctionnent de la même manière que l'injection – seule la méthode d'administration change. Une dose sprayée dans chaque narine et voilà, le travail est fait!
Simplicité et efficacité
Ces produits commencent d'ailleurs à se faire une place sur le marché. Aux Etats-Unis et au Canada, il en existe déjà quelques-uns contre la grippe, qui ne sont cependant pas autorisés en Suisse. Mais dans le cas du coronavirus, la recherche est encore majoritairement au stade des tests sur les animaux, et commence timidement ses essais cliniques.
La Chine a récemment donné son feu vert pour les premiers essais d'un inhalateur développé par l'entreprise CanSino. L'Université d'Oxford développe elle aussi une version inhalable du vaccin d'AstraZeneca pour voir s'il offre une immunité similaire à l'injection.
En Suisse, l'entreprise valaisanne Lonza s'est associée aux Américains d'Altimmune pour développer un spray nasal. AdCovid, leur version du vaccin, proposerait une protection d'une année pour un spray dans chaque narine.
Le groupe pharmaceutique a commencé mi-mars la première phase de test concernant les potentiels effets négatifs, puis suivront les premiers essais sur l'efficacité du produit. «Nous pensons que cette méthode deviendra une option importante dans la vaccination contre le coronavirus, indique Vipin Garg, président d'Altimmune, dans un communiqué. Elle offre la simplicité d'une administration nasale, une facilité de stockage et de distribution et le potentiel de bloquer la transmission virale.»
L'inhalation amène justement quelques avantages face à sa contrepartie à aiguille, comme l'explique un article de l'Université de Pennsylvanie publié dans la cinquième édition du journal Vaccines.
Dans le cas de la recherche sur la tuberculose par exemple, les vaccins sont développés sous la forme d'une poudre sèche inhalable. Cette poudre est très stable et plus facile à stocker que les versions liquides utilisées pour l'injection.
De plus, administrer le vaccin dans les muqueuses nasales ou respiratoires permet de créer une immunité directement là où le virus pénètre l'organisme. Ainsi, de plus petites doses offrent une meilleure protection.
Finalement, leur simplicité d'utilisation pourrait améliorer grandement la vitesse de vaccination. Un facteur essentiel lorsqu'on fait face à une pandémie.
Barrières anatomiques
Malgré les avantages d'une version spray, les vaccins administrés avec une aiguille restent majoritaires, entres autres parce qu'il s'agit d'une méthode plus étudiée et plus commune.
La vaccination par inhalation est encore une idée très récente. Les premières expériences cliniques ont commencé dans les années 2000. Ce
Administrer le vaccin dans les muqueuses nasales ou respiratoires permet de créer une immunité directement là où le virus pénètre l’organisme
système est surtout efficace contre les virus respiratoires, contrairement à la seringue qui peut être adaptée à tout type d'infection.
Les auteurs de l'étude insistent sur le fait que la recherche fait face à plusieurs défis, à commencer par les tissus à cibler: entre les parois nasales, la trachée ou les poumons, le taux d'efficacité du vaccin peut varier. Cette étape est compliquée par les différences anatomiques de l'appareil respiratoire chez les humains et chez les animaux, qui rendent les essais cliniques incertains.
S'ajoute à cela la difficulté de délivrer des doses précises. La quantité de vaccin administrée va dépendre de nombreux facteurs, comme l'anatomie de la personne ou encore le type d'inhalateur utilisé. Heureusement, dans la plupart des cas, les soignants pourraient augmenter les doses pour être sûrs de l'efficacité du produit.
Pour autant, si la pandémie a donné un coup d'accélérateur à la recherche dans le domaine, il faudra encore plusieurs mois de développement avant de voir les premiers inhalateurs de vaccins arriver en pharmacie.
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