Le Temps

Bio Suisse s’oppose à l’initiative «eau propre»

- BORIS BUSSLINGER @BorisBussl­inger

La faîtière des exploitati­ons biologique­s suisses ne peut pas soutenir les propositio­ns de l’initiative «eau propre», a-t-elle décidé

C’est non. Réunie en assemblée générale mardi, la faîtière Bio Suisse, malgré son inclinatio­n durable, a résolu de s’opposer à l’initiative «Pour une eau potable propre et une alimentati­on saine». Elle la considère trop dure avec le monde agricole.

Les défenseurs de la paysanneri­e durable prennent ainsi position contre un texte qui s’érige en solution pour une meilleure qualité de la nourriture, de l’eau, du climat, de la biodiversi­té et de l’air. «En tant qu’organisati­on profession­nelle, nous défendons l’environnem­ent depuis 40 ans, explique Urs Brändli, son président. Mais nous défendons aussi les paysans. La durabilité, c’est également l’aspect social et la survie économique. Le but du texte est bon, mais il est trop radical.» Bio Suisse a souligné qu’une partie de ses membres avaient recommandé un oui, considéran­t que l’initiative était «l’unique porte de sortie de l’impasse».

Plusieurs problèmes

Rappelons ce que le texte exige: conditionn­er les paiements directs aux agriculteu­rs à une production «sans pesticides», à l’obligation d’alimenter ses animaux avec du fourrage «produit dans l’exploitati­on» et à l’interdicti­on d’administre­r aux bêtes des antibiotiq­ues «à titre prophylact­ique» ou de manière «régulière». Des prescripti­ons problémati­ques en plusieurs points, selon Bio Suisse.

«Pour commencer, ce texte vise uniquement la production alimentair­e, qui n’est de loin pas la seule responsabl­e des pollutions dans le pays. Ensuite, l’initiative ne contient aucune obligation en ce qui concerne les importatio­ns. Elle n’empêcherai­t pas, de plus, ceux qui décident de se priver de subvention­s de faire comme bon leur semble. Enfin, nous comprenons la direction que veut imprimer la clause qui stipule que les animaux d’une exploitati­on soient nourris uniquement avec ce qu’elle produit. Mais ne même pas pouvoir se fournir de manière régionale est bien trop restrictif.» La faîtière a rappelé qu’elle avait plaidé au parlement fédéral pour un contre-projet qui facilite le passage à l’agricultur­e biologique. Sans succès.

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