Bio Suisse s’oppose à l’initiative «eau propre»
La faîtière des exploitations biologiques suisses ne peut pas soutenir les propositions de l’initiative «eau propre», a-t-elle décidé
C’est non. Réunie en assemblée générale mardi, la faîtière Bio Suisse, malgré son inclination durable, a résolu de s’opposer à l’initiative «Pour une eau potable propre et une alimentation saine». Elle la considère trop dure avec le monde agricole.
Les défenseurs de la paysannerie durable prennent ainsi position contre un texte qui s’érige en solution pour une meilleure qualité de la nourriture, de l’eau, du climat, de la biodiversité et de l’air. «En tant qu’organisation professionnelle, nous défendons l’environnement depuis 40 ans, explique Urs Brändli, son président. Mais nous défendons aussi les paysans. La durabilité, c’est également l’aspect social et la survie économique. Le but du texte est bon, mais il est trop radical.» Bio Suisse a souligné qu’une partie de ses membres avaient recommandé un oui, considérant que l’initiative était «l’unique porte de sortie de l’impasse».
Plusieurs problèmes
Rappelons ce que le texte exige: conditionner les paiements directs aux agriculteurs à une production «sans pesticides», à l’obligation d’alimenter ses animaux avec du fourrage «produit dans l’exploitation» et à l’interdiction d’administrer aux bêtes des antibiotiques «à titre prophylactique» ou de manière «régulière». Des prescriptions problématiques en plusieurs points, selon Bio Suisse.
«Pour commencer, ce texte vise uniquement la production alimentaire, qui n’est de loin pas la seule responsable des pollutions dans le pays. Ensuite, l’initiative ne contient aucune obligation en ce qui concerne les importations. Elle n’empêcherait pas, de plus, ceux qui décident de se priver de subventions de faire comme bon leur semble. Enfin, nous comprenons la direction que veut imprimer la clause qui stipule que les animaux d’une exploitation soient nourris uniquement avec ce qu’elle produit. Mais ne même pas pouvoir se fournir de manière régionale est bien trop restrictif.» La faîtière a rappelé qu’elle avait plaidé au parlement fédéral pour un contre-projet qui facilite le passage à l’agriculture biologique. Sans succès.
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