Le Temps

A Genève, les agresseurs d’un arbitre de foot sont condamnés

- FATI MANSOUR @fatimansou­r

Le Tribunal de police n’a rien retenu des versions édulcorées servies par les prévenus. Les trois anciens joueurs du club amateur écopent de peines privatives de liberté avec sursis et sont expulsés vers leur pays d’origine. La défense fera appel

Les dénégation­s des trois footballeu­rs du dimanche, accusés d’avoir roué de coups un arbitre qui avait eu le malheur de sortir son carton rouge, n’ont guère convaincu le Tribunal de police. Tous ont été reconnus coupables d’agression pour avoir frappé et pourchassé leur victime, alors que d’autres tentaient sans succès de s’interposer. «Les terrains sportifs ne sont pas et ne doivent pas devenir des zones de non-droit», souligne le jugement. Besim, qui a également menacé et injurié le plaignant, est condamné à 15 mois avec sursis. Son frère et un ami écopent de 12 mois avec sursis. Pour ces trentenair­es, le verdict est surtout synonyme d’expulsion vers le Kosovo. Un appel est d’ores et déjà annoncé par la défense.

Attaque concertée

Point de doute aux yeux de la présidente Alexandra Jacquement. Ce 9 septembre 2018, à la 74e minute d’une rencontre de cinquième ligue opposant le FC Tordoya à la troisième équipe de Satigny sur le terrain du centre sportif des Evaux, l’arbitre a sifflé une faute contestée par Besim. A ce carton jaune, le joueur a répondu par une insulte qui lui a valu un carton rouge. C’est alors qu’il a asséné plusieurs coups à l’arbitre. Son frère Bujar est entré sur la pelouse pour lui prêter main-forte, tout comme leur ami Pren. La décision précise que tous trois ont porté des coups sur un homme sans défense, qu’ils ont été les seuls à le faire et qu’ils se sont acharnés. L’ensemble

des témoins ont désigné leurs numéros de maillots.

Pour le tribunal, il n’y a pas lieu non plus de remettre en question les multiples lésions subies par l’arbitre. Les policiers appelés sur place les ont constatées et un certificat médical atteste du traumatism­e crânien ainsi que des plaies et contusions dont a souffert la victime. Les déclaratio­ns du plaignant et des témoins sont considérée­s comme crédibles sur ce point. Seules les menaces attribuées à Bujar semblaient trop floues pour lever le doute. L’intéressé

est donc acquitté sur ce point (et l’injure est classée, faute de plainte), contrairem­ent à son frère.

Pour fixer la peine, le tribunal a retenu le caractère gratuit et intolérabl­e de cette violence, la déterminat­ion des agresseurs au vu des coups assénés malgré l’interventi­on de tiers ainsi que les mobiles éminemment égoïstes qui relèvent d’une colère mal maîtrisée. Rien de tout cela n’aurait dû arriver durant ce match sans enjeu qui constituai­t une activité récréative, ajoute la juge tout en soulignant que les intéressés n’ont absolument pas pris conscience de la gravité de leurs actes.

Les prévenus n’ayant aucun antécédent de violence, ils ont bénéficié du sursis. Celui-ci ne doit toutefois pas empêcher le prononcé de l’expulsion (pour une durée de cinq ans) obligatoir­e en cas d’agression, précise encore la décision. Pour le tribunal, aucun des trois ne remplit les critères qui permettrai­ent de renoncer à ce renvoi.

«Les terrains sportifs ne sont pas des zones de non-droit»

LE JUGEMENT

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