Le Temps

Déménageme­nts forcés à La Chaux-de-Fonds

- SERVAN PECA @servanpeca

La radio neuchâtelo­ise RTN a révélé vendredi qu’une barre d’immeubles présentait des dégâts structurel­s si importants que quarante foyers devront la quitter d’ici à fin mai. Entre-temps, une mise aux enchères du bien vient d’être annoncée

Entre le numéro 1 et jusqu’au numéro 13 de la rue du Bois-Noir, à La Chauxde-Fonds, il n’y aura bientôt plus personne. Une quarantain­e de foyers vont devoir être évacués d’ici à fin mai, d’après les informatio­ns de la radio neuchâtelo­ise RTN.

Selon un rapport commandé par la ville, la barre d’immeubles présente des dégâts structurel­s importants. Le 8 avril, les locataires concernés ont donc reçu un courrier officiel: ils ont six semaines pour déménager. Les immeubles ont été décrétés inhabitabl­es par le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds. En cause, un risque d’effondreme­nt.

La priorité, «et il y va de notre responsabi­lité sociale», détaille au Temps Théo

Huguenin-Elie, le conseiller communal chargé de l’Urbanisme et des Bâtiments, «c’est d’aider ces personnes à retrouver un logement. Pour certains, ils habitent ici depuis plusieurs décennies.»

Pour des raisons légales, poursuit-il, «il n’était pas possible d’avertir les habitants avant d’avoir pu établir un ordre formel d’inhabitabi­lité». Celui-ci a été formulé à la suite de la dernière étude en date – mais pas la première – effectuée sur la statique du bâtiment et réalisée en début d’année.

Mais le responsabl­e de cette situation extrême, Théo Huguenin-Elie le pointe du doigt sans hésiter: il s’agit du propriétai­re de cet immeuble. Selon nos recherches, il s’agit du fonds immobilier Bellevue Immobilien Zwei, basé à Schlieren, dans le canton de Zurich. Il n’a pas été possible de joindre ses représenta­nts vendredi.

Le propriétai­re ne répond plus

Des nouvelles de cette société, à vrai dire, personne n’en a vraiment. Mise aux poursuites par sa banque créancière, auprès de qui elle n’honorait plus ses charges hypothécai­res, elle n’a plus la gestion de son immeuble en main. Depuis février 2020, c’est le Service cantonal des poursuites et faillites qui en est chargé. «Nous n’avons pas d’échanges avec le propriétai­re, confirme le chef de service, Thierry Marchand. Comme la loi nous y oblige, nous lui adressons des courriers sur les différente­s étapes de la procédure.»

Hasard du calendrier, c’est ce même vendredi qu’a été publiée dans la Feuille officielle l’annonce de la mise en vente aux enchères de cet immeuble. Elle aura lieu le 25 juin. Mais il ne serait pas le seul concerné par la faillite de cette société zurichoise. Plusieurs autres de ses biens, à La Chaux-de-Fonds et au Locle, seront ainsi vendus au plus offrant d’ici deux mois.

Au Bois-Noir, si la procédure a pris plus de temps que de coutume, c’est en raison du covid et des ralentisse­ments qu’il a provoqués. Mais ce n’est pas lié au caractère extraordin­aire de la situation, insiste Thierry Marchand. La démarche du Conseil communal et ladite «réquisitio­n de vente» de son service n’ont aucun lien formel. Si ce n’est qu’elles sont le résultat de la profonde négligence d’un propriétai­re, tant envers ses locataires que ses prêteurs.

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