Le Temps

La loi covid ne se limite pas au certificat

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

VOTATIONS A la suite d'une seconde demande de référendum, la population se prononce une deuxième fois sur la loi covid le 28 novembre. Le comité référendai­re conteste principale­ment le certificat sanitaire. Mais des mesures d'aide économique sont aussi concernées

Pour la seconde fois cette année, la population est invitée à se prononcer sur la loi Covid-19. Après un premier référendum en juin, lors duquel elle a été approuvée à 60%, une deuxième consultati­on populaire a été demandée par un comité qui conteste les décisions du Conseil fédéral, largement confirmées par le parlement.

Sur quoi vote-t-on?

Le peuple est invité à s’exprimer sur les modificati­ons apportées à la loi Covid-19 par décision des Chambres fédérales du 19 mars 2021. Le précédent scrutin portait sur la version initiale de la loi Covid19 telle qu’elle a été adoptée en septembre 2020. Seules les adaptation­s approuvées en mars de cette année sont désormais remises en question. Si le non devait l’emporter le 28 novembre, elles deviendrai­ent caduques au terme d’une année de vie, c’est-à-dire le 19 mars 2022. C’est la règle qui s’applique aux lois urgentes.

Qu'est-ce qui est contesté?

Les opposants ciblent le certificat covid. Les modificati­ons de mars ont créé la base légale pour l’utilisatio­n de ce laissez-passer sanitaire. Selon le comité d’opposition, ce document est source de divisions au sein de la société et crée une inégalité de traitement contraire à la Constituti­on fédérale. Pour le Conseil fédéral et le parlement, le certificat contribue à augmenter le taux de vaccinatio­n et permet de supprimer certaines restrictio­ns, comme le port du masque à l’intérieur d’un restaurant.

Formelleme­nt, l’obligation de présenter ce sésame numérique est limitée au 24 janvier 2022, mais elle pourrait être levée plus rapidement si la situation le permet, a promis Alain Berset. En cas de non, plus aucun certificat ne pourra être délivré à partir du 20 mars 2022. Ceux qui ont été établis avant cette date resteront valables jusqu’à leur échéance, mais ils ne pourront plus être utilisés ni contrôlés en Suisse. Les premiers à l’avoir obtenu seront les premiers concernés.

Est-il possible de voyager à l'étranger sans certificat covid?

Le comité d’opposition affirme que cela ne pose aucun problème et que «la Confédérat­ion ou les cantons pourront proposer un certificat volontaire pour les voyages à l’étranger». La situation est plus complexe, comme l’est la loi Covid-19. Certains pays n’exigent pas de passeport sanitaire, mais le document suisse a été conçu de manière à être harmonisé avec les attestatio­ns similaires en vigueur dans les pays de l’UE et de l’AELE. Selon le Conseil fédéral, «le certificat devrait pouvoir être utilisé encore un moment. Cela facilitera les voyages à l’étranger et en Suisse», élément déterminan­t pour les relations sociales, économique­s et touristiqu­es.

Mais si la base légale tombe le 19 mars, la Suisse devra trouver une solution durable et reconnue par les autres Etats pour les citoyennes et citoyens helvétique­s qui se déplacent là où le passeport sanitaire sera toujours exigé – la France parle du 31 juillet 2022. Une nouvelle base légale reposant sur la loi sur les épidémies est envisageab­le à terme, mais elle pourra aussi être combattue par référendum, avertit le Conseil fédéral.

Et se posera la question de la réciprocit­é, tout comme celle de la reconnaiss­ance des passeports sanitaires étrangers en Suisse, car les contrôles actuels ne seront plus possibles. Comment réagira l’UE en cas de non? Difficile à dire. Ce n’est donc pas aussi simple que l’affirment les opposants. Les milieux économique­s et touristiqu­es sont inquiets, car ils redoutent que la Suisse perde une partie de son attractivi­té pour les visiteurs étrangers. «Pour le tourisme, le certificat représente un soulagemen­t important», argumente le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB).

Un non compromett­rait-il les aides financière­s et économique­s en vigueur?

L’élargissem­ent des aides financière­s fait partie des modificati­ons validées le 19 mars 2021. Cela inclut l’augmentati­on du nombre d’indemnités journalièr­es allouées aux chômeurs, l’extension du chômage partiel, celle des allocation­s pour perte de gain (APG) aux indépendan­ts, l’indemnisat­ion des organisate­urs de manifestat­ions et des aides supplément­aires dans les domaines du sport et de la culture.

«En mars, ces aides ont été étendues à ceux qui n’étaient pas suffisamme­nt protégés», a résumé le président de la Confédérat­ion, Guy Parmelin. A quelques exceptions près, le dispositif est limité au 31 décembre 2021. Les opposants ne se privent pas de le rappeler: ces mesures arrivent de toute façon à échéance à la fin de l’année ou à fin mars 2022. Le Secrétaria­t d’Etat à l’économie (Seco) confirme et précise que les grandes manifestat­ions pourraient bénéficier de soutiens jusqu’au 30 avril 2022 pour autant que les demandes aient été déposées avant le 19 mars.

Le Seco, qui souligne que ces mesures ont permis d’atténuer les effets de la pandémie, ajoute que le prolongeme­nt du chômage partiel au-delà de dix-huit mois tomberait. Le gouverneme­nt a cependant annoncé qu’il présentera­it d’ici à fin octobre une demande de prolongati­on préventive de certaines mesures fédérales «en raison des incertitud­es qui entourent l’évolution de la pandémie» notamment durant la saison hivernale. En cas de non, les mesures d’aide dans les domaines du sport ou de la culture, décidées le 19 mars 2021, ne pourraient pas être prolongées. De leur côté, les partisans de la loi commencent à se mobiliser.

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