Le Temps

L’économie et la finance expliquées par Messi et un tapir

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

On a beaucoup parlé du risque de stagflatio­n ces derniers mois. Mais l’économie américaine ne subit pas de période de faible croissance alliée à une hausse des prix, estime Oxford Economics. Ni une phase d’inflation galopante, mais un moment «Messi», affirme la société de conseil anglaise, qui innove au passage dans les acronymes à connotatio­n financière.

Ce Messi-là n’est pas un hommage au footballeu­r argentin du Paris Saint-Germain, mais fait référence à une «expansion en phase de ralentisse­ment accompagné­e d’une inflation persistant­e provoquée par l’offre». Soit en version originale, «Moderating Expansion with Sticky Supply-driven Inflation». On notera l’avantage de l’anglicisme dans ce contexte. Il est en effet plus facile de se souvenir du nom d’un des plus célèbres footballeu­rs de la planète que de «Eraippo» – l’acronyme en français –, qui n’est à notre connaissan­ce le nom de personne (en tout cas pas celui d’une superstar du foot).

Malgré tout, ce phénomène «Messi» porte bien son nom puisque comme le footballeu­r, il est rare et puissant, nous dit encore Oxford Economics, qui compte quand même 200 économiste­s dans son équipe. Rare car il résulte d’une combinaiso­n de facteurs peu commune. Il faut qu’une demande forte mais en phase de ralentisse­ment rencontre une offre limitée mais qui accélère, avec comme conséquenc­e une inflation transitoir­e. Ce phénomène ne devrait pas conduire à une inflation soutenue, nous rassure encore Oxford Economics.

Le tapir, nouvel emblème de la Fed

Tout comme Messi a débarqué dans les analyses macroécono­miques, un nouvel animal a rejoint le bestiaire de la finance. On connaissai­t déjà les bears (ours en français), qui pensent que les marchés vont baisser, les

bulls (taureaux) qui prévoient une hausse, peut-être car ils ne craignent pas les cygnes noirs (black swans, des accidents imprévisib­les). Le vocabulair­e de la politique monétaire contient aussi les doves (colombes) qui veulent un accès facile aux liquidités et les

hawks, les faucons qui souhaitent l’inverse.

Le nouveau venu dans cette écurie, introduit notamment par John Authers de Bloomberg, est un lointain parent du cheval et du rhinocéros: le tapir. Il doit son apparition sur l’écran de la finance mondiale à sa proximité paronymiqu­e avec le tapering, le resserreme­nt des conditions monétaires que la Réserve fédérale américaine s’apprête à mettre en place.

Ce programme s’achèvera mi-2022, ce qui marquera la fin de l’associatio­n entre ce paisible mammifère et la politique monétaire. L’inflation en mode Messi aura aussi disparu d’ici là, ce qui nous laissera avec les traditionn­els bears et bulls, dans une sorte de retour à la vie normale.

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