L’économie et la finance expliquées par Messi et un tapir
On a beaucoup parlé du risque de stagflation ces derniers mois. Mais l’économie américaine ne subit pas de période de faible croissance alliée à une hausse des prix, estime Oxford Economics. Ni une phase d’inflation galopante, mais un moment «Messi», affirme la société de conseil anglaise, qui innove au passage dans les acronymes à connotation financière.
Ce Messi-là n’est pas un hommage au footballeur argentin du Paris Saint-Germain, mais fait référence à une «expansion en phase de ralentissement accompagnée d’une inflation persistante provoquée par l’offre». Soit en version originale, «Moderating Expansion with Sticky Supply-driven Inflation». On notera l’avantage de l’anglicisme dans ce contexte. Il est en effet plus facile de se souvenir du nom d’un des plus célèbres footballeurs de la planète que de «Eraippo» – l’acronyme en français –, qui n’est à notre connaissance le nom de personne (en tout cas pas celui d’une superstar du foot).
Malgré tout, ce phénomène «Messi» porte bien son nom puisque comme le footballeur, il est rare et puissant, nous dit encore Oxford Economics, qui compte quand même 200 économistes dans son équipe. Rare car il résulte d’une combinaison de facteurs peu commune. Il faut qu’une demande forte mais en phase de ralentissement rencontre une offre limitée mais qui accélère, avec comme conséquence une inflation transitoire. Ce phénomène ne devrait pas conduire à une inflation soutenue, nous rassure encore Oxford Economics.
Le tapir, nouvel emblème de la Fed
Tout comme Messi a débarqué dans les analyses macroéconomiques, un nouvel animal a rejoint le bestiaire de la finance. On connaissait déjà les bears (ours en français), qui pensent que les marchés vont baisser, les
bulls (taureaux) qui prévoient une hausse, peut-être car ils ne craignent pas les cygnes noirs (black swans, des accidents imprévisibles). Le vocabulaire de la politique monétaire contient aussi les doves (colombes) qui veulent un accès facile aux liquidités et les
hawks, les faucons qui souhaitent l’inverse.
Le nouveau venu dans cette écurie, introduit notamment par John Authers de Bloomberg, est un lointain parent du cheval et du rhinocéros: le tapir. Il doit son apparition sur l’écran de la finance mondiale à sa proximité paronymique avec le tapering, le resserrement des conditions monétaires que la Réserve fédérale américaine s’apprête à mettre en place.
Ce programme s’achèvera mi-2022, ce qui marquera la fin de l’association entre ce paisible mammifère et la politique monétaire. L’inflation en mode Messi aura aussi disparu d’ici là, ce qui nous laissera avec les traditionnels bears et bulls, dans une sorte de retour à la vie normale.
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