La Coupe du monde biennale inquiète le CIO
Le Comité international olympique craint les conséquences, pour l’exposition des autres disciplines, du grand projet de la FIFA. Dont le président Gianni Infantino rappelle qu’il n’a pour rôle que de défendre les intérêts du football
Le Comité international olympique (CIO) a réclamé samedi une «consultation plus large» sur le projet de Mondial biennal de la FIFA, s'inquiétant de voir le football empiéter un peu plus sur le territoire d'autres sports.
Doubler la fréquence de la Coupe du monde afin de «générer davantage de revenus pour la FIFA», écrit le CIO, créerait «un conflit avec d'autres grands événements sportifs internationaux, notamment en tennis, en cyclisme, en golf, en gymnastique, en natation, en athlétisme et en formule 1».
La commission exécutive de l'instance olympique y voit un risque d'«atteinte à la diversité et au développement des sports autres que le football», dont l'audience serait mécaniquement rongée par la compétition reine.
Le CIO passe d'ailleurs sous silence la concurrence d'un possible Mondial
biennal avec ses propres Jeux olympiques d'été, alors que les deux événements les plus prisés des diffuseurs sont pour l'instant espacés de deux ans.
En outre, l'organisation basée à Lausanne estime que «l'augmentation des événements masculins» pourrait entraver le développement du football féminin, un reproche déjà formulé par nombre d'opposants au projet de la FIFA, notamment l'UEFA, les clubs européens et les organisations de supporters.
Enfin, et alors que la FIFA prévoit une grande phase finale chaque été, en faisant alterner son Mondial avec des tournois continentaux comme le
Championnat d'Europe des nations, le CIO s'inquiète de la «pression supplémentaire importante sur la santé physique et mentale des joueurs».
Pour sa part, l'instance qui gouverne le football mondial assure depuis plusieurs semaines mener «une consultation large et approfondie» sur la refonte du calendrier international, prévue pour aboutir à un vote de ses fédérations en fin d'année, mais une vaste coalition conduite par l'UEFA et les clubs européens estime n'être pas suffisamment entendue.
Entretenir le rêve
Pas sûr que Gianni Infantino, le président de la FIFA, entende l'argument de l'équilibre entre les différentes disciplines sportives. «La possibilité de réformer le calendrier avec un Mondial tous les deux ans, on l'a analysée du point de vue du football […] et c'est possible», a-t-il déclaré vendredi lors d'une conférence de presse organisée à Caracas (Venezuela), où il vient d'entamer une tournée sud-américaine. «Il y a beaucoup d'avantages, parce qu'on offrirait la possibilité de participer à beaucoup plus de pays.»
Selon lui, la mondialisation du football appelle un élargissement de son événement phare. «Quand il a été décidé que le Mondial se déroulerait tous les quatre ans, il y a cent ans environ, la FIFA comptait 40 pays», a-t-il rappelé, se présentant aujourd'hui comme «le président de 111 pays» qui veut donner à chacun «le droit de rêver». Et de s'adresser directement à ses hôtes: «Aujourd'hui, en parlant sans détours, quelles sont les possibilités réelles du Venezuela de participer au Mondial?»
Le pays de 30 millions d'habitants n'a jamais participé à une Coupe du monde et a très peu de chances d'y arriver, selon Gianni Infantino, dans les conditions actuelles. L'organisation plus régulière du Mondial, associée à l'augmentation – déjà actée pour 2026 – du nombre de participants de 32 à 48, donnerait, selon lui, davantage d'opportunité à des nations jusque-là mineures du football.
Message reçu par Nicolas Maduro, président du pays, qui s'est exprimé après «une conversation agréable avec Gianni Infantino». «Je lui ai dit […] que cela me semblait une idée extraordinaire que la Coupe du monde de football puisse se jouer tous les deux ans. C'est une formidable opportunité.»
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«Quand il a été décidé que le Mondial se déroulerait tous les quatre ans, la FIFA comptait 40 pays» GIANNI INFANTINO, PRÉSIDENT DE LA FIFA