Le Temps

La gauche reprend Rome aux 5 étoiles

La coalition menée par le Parti démocrate remporte les cinq plus grandes villes de la Botte

- ANTONINO GALOFARO, ROME @ToniGalofa­ro

A Rome, la victoire est écrasante. Lundi, lors du second tour des élections municipale­s, les sondages aux sorties des urnes donnent à Roberto Gualtieri, l’ancien ministre de l’Economie de Giuseppe Conte, 20 points d’avance sur son rival de la coalition de droite, Enrico Michetti. Si le score gagnant de plus de 60% est confirmé plus tard par le décompte des voix, il faut à peine une heure au candidat du Parti démocrate (PD) pour prendre la parole. «Rome devra être une ville plus inclusive, plus proche des personnes et capable de valoriser son patrimoine économique», lance le politicien après avoir remercié les Romains et leur avoir promis «tout son engagement». Mais seul un peu plus de 40% des électeurs de la capitale a voté dimanche et lundi, contre près de 49% deux semaines plus tôt.

Le nouveau maire a immédiatem­ent reçu les félicitati­ons de son prédécesse­ur, Virginia Raggi. «Il saura travailler dans l’intérêt de notre communauté, a commenté l’élue du Mouvement 5 étoiles.

Ce fut pour moi un honneur de guider cette merveilleu­se ville. La lutte contre la criminalit­é, l’emploi, l’attention pour les périphérie­s et les transports ont toujours été mes priorités.» Mais l’avocate n’a pas réussi à convaincre les Romains de lui confier un second mandat. Elle a été exclue de la course au capitole après avoir recueilli 19% des suffrages, se classant à la quatrième place derrière un autre ancien ministre, Carlo Calenda.

Le M5S perd Turin

La formation fondée par l’humoriste Beppe Grillo perd aussi la ville de Turin au profit de la coalition de gauche menée par le PD. Autant de points qu’à Rome séparent les candidats de droite et de gauche. Le professeur de géologie Stefano Lo Russo l’emporte sur l’entreprene­ur Paolo Damilano. Le nouveau maire succède ainsi à une autre membre du M5S, Chiara Appendino. Les démocrates reprennent ainsi ces deux villes après une parenthèse étoilée de cinq années. A Rome et à Turin, un mandat durant, les deux formations se sont âprement affrontées. Entre les deux tours, les deux maires sortantes ont communiqué leur opposition aux candidats de gauche par la voix de leur époux. Dans la capitale piémontais­e, Marco Lavatelli a par exemple publiqueme­nt annoncé son intention de voter pour la droite.

Les déclaratio­ns des époux étaient une nouvelle car, au niveau national, PD et M5S sont alliés. Après avoir gouverné ensemble pendant près d’un an et demi, ils font tous deux parties depuis février du gouverneme­nt d’union nationale de Mario Draghi. Leurs dirigeants, les anciens présidents du Conseil Enrico Letta et Giuseppe Conte, ont tenté d’expériment­er une alliance au niveau local avant les élections législativ­es de 2023. Si elle a permis la victoire de leur candidat dès le premier tour avec plus de 60% des voix à Naples et à Bologne, elle s’est avérée irréalisab­le à Rome et à Turin. D’ennemis jurés lors du dernier scrutin national en 2018, les deux formations sont aujourd’hui dans un rapport d’amitié et d’inimitié ayant mis en crise le mouvement historique­ment antisystèm­e.

«Succès historique»

Avec ou sans l’aide des 5 étoiles, les démocrates encaissent avec cette tournée électorale le score de 5 à 0, commente La Repubblica, pour qui le résultat est «l’un des succès les plus nets de l’histoire» du PD et synonyme «d’humiliatio­n» pour la droite. Le quotidien voit notamment dans la défaite à Rome la fin de «l’ascension fulgurante» de Giorgia Meloni, leader de Fratelli d’Italia, à l’extrême droite. C’est elle qui avait choisi pour sa coalition le candidat aujourd’hui vaincu. «Elle s’est arrêtée sur les limites d’une ligne politique écrasée par les contestati­ons extrémiste­s dans le pays», poursuit encore le journal. Il fait ici référence aux manifestat­ions anti-vaccins et anti-passe sanitaire du 9 octobre dernier à Rome, lorsqu’une frange des contestata­ires menée par les leaders de Forza Nuova, un groupuscul­e fasciste, a saccagé les bureaux de la CGIL, le plus important syndicat italien. Si Giorgia Meloni a condamné les violences, elle n’a pas clairement pris ses distances avec les positions fascistes du petit groupe d’extrême droite. Ce qui aurait coûté à sa coalition, selon les commentate­urs politiques, une partie des voix du centre droit et expliquera­it en partie le triomphe si tranché de la gauche dans la capitale comme dans le reste du pays. ■

«C’est la fin de l’ascension de Giorgia Meloni, leader de Fratelli d’Italia, à l’extrême droite» LA REPUBBLICA

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