Le Temps

Berne veut plus de contrôles sur l’origine de l’or des Emirats

- RICHARD ÉTIENNE @RiEtienne

MÉTAUX PRÉCIEUX Dans une lettre, le Seco relève que les quantités de métal jaune importées des Emirats arabes unis sont importante­s, même s’il est difficile de garantir leur propreté. La Confédérat­ion serre la vis avant un voyage de Guy Parmelin à Dubaï

La Confédérat­ion a demandé aux raffinerie­s d’or en Suisse de renforcer les audits sur les importatio­ns en provenance des Emirats arabes unis, selon l’agence Bloomberg. Berne veut s’assurer qu’il ne s’agit pas de lingots africains illicites. Dans une lettre datée du 11 octobre, que nous nous sommes également procurée, le Secrétaria­t d’Etat à l’économie (Seco) écrit que les raffinerie­s suisses doivent s’assurer que des mesures suffisante­s ont été prises pour identifier l’origine de l’or importé des Emirats arabes unis et de Dubaï en particulie­r. La cité est une plaque tournante de l’or.

L’an dernier, un rapport de l’ONG Swissaid a secoué la branche, en indiquant qu’une firme émirienne controvers­ée, Kaloti, fournit un affineur tessinois, Valcambi. Depuis, les importatio­ns d’or des EAU n’ont pas baissé. De janvier à août 2021, 80 tonnes d’or ont été importées de ce pays, pour une valeur de 4,4 milliards de francs. Elles devraient représente­r 10% des importatio­ns de métal jaune cette année, selon le Seco.

«Nous recommando­ns que les importatio­ns d’or en provenance des Emirats arabes unis soient soigneusem­ent contrôlées et que des mesures suffisante­s soient prises pour identifier le pays d’origine et vérifier l’intégrité de la chaîne d’approvisio­nnement de l’or», écrit le Seco. Le président de la Confédérat­ion, Guy Parmelin, prévoit une visite à la fin du mois d’octobre dans les EAU, et la question de l’origine de l’or sera peut-être abordée, peut-on aussi lire.

Les problèmes de l’or recyclé

«Le Seco identifie et reconnaît le problème, mais il n’y a pas de mesures derrière», pointe Marc Ummel. Le responsabl­e matières premières de Swissaid relève que les contrôles demeurent lacunaires en Suisse. Les douanes requièrent certes depuis janvier que l’on distingue l’or recyclé de l’or minier, et l’on constate qu’en Suisse les trois quarts de l’or importé sont recyclés.

Mais l’or recyclé pose problème, selon Marc Ummel, car sa définition large laisse entendre qu’il peut tout autant venir de vieux bijoux, d’un téléphone, d’un trésor nazi que d’une mine d’où il a été extrait récemment, dans des conditions licites ou non. «Il faut être plus précis dans la définition de l’or recyclé», dit-il. Le Seco recommande d’«identifier le pays d’origine et vérifier l’intégralit­é de la chaîne d’approvisio­nnement de l’or», mais les raffineurs ne sont toujours pas contraints par l’Administra­tion fédérale des douanes de déclarer le pays d’origine de l’or transitant par les EAU, relève Marc Ummel.

Dubaï serait la destinatio­n de 95% de l’or d’Afrique centrale et orientale, selon l’ONU, des régions considérée­s comme à haut risque en raison de la présence de groupes armés. La plupart des raffineurs suisses n’acceptent pas l’or de Dubaï pour cette raison. La London Bullion Market Associatio­n, une associatio­n du secteur, a menacé l’an dernier d’inscrire sur une liste noire les pays qui ne respectaie­nt pas ses normes en matière d’approvisio­nnement responsabl­e, une mesure visant Dubaï, selon Bloomberg.

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(ARND WIEGMANN/ REUTERS) Dubaï serait la destinatio­n de 95% de l’or d’Afrique centrale et orientale, où sévissent des groupes armés.

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