Berne veut plus de contrôles sur l’origine de l’or des Emirats
MÉTAUX PRÉCIEUX Dans une lettre, le Seco relève que les quantités de métal jaune importées des Emirats arabes unis sont importantes, même s’il est difficile de garantir leur propreté. La Confédération serre la vis avant un voyage de Guy Parmelin à Dubaï
La Confédération a demandé aux raffineries d’or en Suisse de renforcer les audits sur les importations en provenance des Emirats arabes unis, selon l’agence Bloomberg. Berne veut s’assurer qu’il ne s’agit pas de lingots africains illicites. Dans une lettre datée du 11 octobre, que nous nous sommes également procurée, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) écrit que les raffineries suisses doivent s’assurer que des mesures suffisantes ont été prises pour identifier l’origine de l’or importé des Emirats arabes unis et de Dubaï en particulier. La cité est une plaque tournante de l’or.
L’an dernier, un rapport de l’ONG Swissaid a secoué la branche, en indiquant qu’une firme émirienne controversée, Kaloti, fournit un affineur tessinois, Valcambi. Depuis, les importations d’or des EAU n’ont pas baissé. De janvier à août 2021, 80 tonnes d’or ont été importées de ce pays, pour une valeur de 4,4 milliards de francs. Elles devraient représenter 10% des importations de métal jaune cette année, selon le Seco.
«Nous recommandons que les importations d’or en provenance des Emirats arabes unis soient soigneusement contrôlées et que des mesures suffisantes soient prises pour identifier le pays d’origine et vérifier l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement de l’or», écrit le Seco. Le président de la Confédération, Guy Parmelin, prévoit une visite à la fin du mois d’octobre dans les EAU, et la question de l’origine de l’or sera peut-être abordée, peut-on aussi lire.
Les problèmes de l’or recyclé
«Le Seco identifie et reconnaît le problème, mais il n’y a pas de mesures derrière», pointe Marc Ummel. Le responsable matières premières de Swissaid relève que les contrôles demeurent lacunaires en Suisse. Les douanes requièrent certes depuis janvier que l’on distingue l’or recyclé de l’or minier, et l’on constate qu’en Suisse les trois quarts de l’or importé sont recyclés.
Mais l’or recyclé pose problème, selon Marc Ummel, car sa définition large laisse entendre qu’il peut tout autant venir de vieux bijoux, d’un téléphone, d’un trésor nazi que d’une mine d’où il a été extrait récemment, dans des conditions licites ou non. «Il faut être plus précis dans la définition de l’or recyclé», dit-il. Le Seco recommande d’«identifier le pays d’origine et vérifier l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement de l’or», mais les raffineurs ne sont toujours pas contraints par l’Administration fédérale des douanes de déclarer le pays d’origine de l’or transitant par les EAU, relève Marc Ummel.
Dubaï serait la destination de 95% de l’or d’Afrique centrale et orientale, selon l’ONU, des régions considérées comme à haut risque en raison de la présence de groupes armés. La plupart des raffineurs suisses n’acceptent pas l’or de Dubaï pour cette raison. La London Bullion Market Association, une association du secteur, a menacé l’an dernier d’inscrire sur une liste noire les pays qui ne respectaient pas ses normes en matière d’approvisionnement responsable, une mesure visant Dubaï, selon Bloomberg.
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