Lendemains d’hier
Martigny, mercredi, 9 heures. Chaque grand tour a le sien. Du coup, nous, on a fait le nôtre, de prologue. Une étape, pas prévue au programme, mais nécessaire pour se mettre en jambes. Etant donné qu’on part de Martigny et que mes collègues Boris Busslinger, Séverine Chave et Yan Pauchard connaissent peu le mythe de la Foire du Valais, il fallait y faire un passage. Aucun cliché n’a été épargné: blanc à l’apéro, raclette au menu et sucre du Grand-Père Cornut en guise de digestif. Et pour agrémenter tout ça, un tube à plus de 450 millions de vues sur internet: Nomcebo Zikode, la chanteuse de Jerusalema, était de passage à Martigny et a mis le feu. Le reste de la soirée appartient à ses acteurs, qui eux-mêmes ne sauraient le raconter. Mais ceux qui connaissent la Foire du Valais savent. Quoi qu’il en soit, ce matin, c’est le départ de notre première étape. Une étape de plat promise aux sprinters. Le peloton devrait profiter pour se refaire une santé.
Aigle, mercredi, 12h30. Il a la septantaine fringante. «Pierrot», pistard à la chevelure d’argent, est notre guide pour les premiers pas (tours de roue) de notre équipe sur la piste du vélodrome du Centre mondial du cyclisme à Aigle, Mecque du deux-roues et, donc, passage obligé du Temps à vélo. Au programme, une heure et demie à dompter l’ovale aiglon de 200 m et ses virages à 45 degrés. Il a fallu surtout commencer à dompter ces vélos sans freins avec pignon fixe et gros braquets. Après une chute initiale – sans mal, car à l’arrêt –, l’équipe a plus qu’assuré. Malgré les premières appréhensions, elle a aligné les tours à plus de 30 km/h de moyenne, avec des pointes à 45 km/h, en plongée en sortie de virage. Le tout en écoutant religieusement les précieux conseils de «Pierrot» qui rappelait que «la vitesse est ton amie» et que «c’est quand tu ralentis que tu guidonnes et que ton vélo glisse comme sur de la glace». Au final, le plus téméraire d’entre nous, Grégoire, a tenté le chrono, sur un tour lancé. Il a tout donné. Son temps: 14,6 secondes. «Un résultat costaud», selon notre guide. Le record du monde: 9,1 secondes…
Vevey, mercredi, 10 heures. Du labeur, des larmes et de la sueur. Le programme de la deuxième journée est épique. Après avoir dompté le plat de Martigny à Vevey, les braves attaquent la montée: 450 mètres de dénivelé positif (photo) pour atteindre Châtel-Saint-Denis. De quoi (très) rapidement se réveiller. Les braquets cliquettent, les vélos craquent, les hommes soufflent. Séverine, elle, sifflote. Sur son vélo électrique. La pente est raide, la température fraîche. Le vent siffle dans les branches et les pâles du drone qui nous suit haut dans le ciel. Chacun serre les dents en menant sa barque. Un dernier coup de pédale, et le sommet est atteint, salué d’un grand soupir et de quelques mots fleuris. Les Préalpes fribourgeoises se dévoilent dans la brume. Châtel est en vue, notre repas de midi aussi. Impossible de faire escale dans ce haut lieu fromager sans s’arrêter au Tivoli. Croûtes au fromage, papet, et… pas de meringues à la crème. Il reste encore 25 kilomètres à tirer pour rejoindre la capitale de la Gruyère. Restons modestes.
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