Le Temps

A l’air libre, le ski délivré du certificat covid

Les remontées mécaniques suisses n’imposeront pas le passeport covid cet hiver. Seul le masque, dans les télécabine­s et les bâtiments, ainsi que la distanciat­ion sociale seront obligatoir­es. A moins que l’épidémie ne regagne de l’ampleur

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

L’accès aux domaines skiables ne nécessiter­a pas la présentati­on d’un certificat covid cet hiver. Bien que transport de loisirs, les remontées mécaniques aiment être considérée­s comme un transport public. Et c’est bien de cela qu’il est question. Elles seront donc soumises aux mêmes règles que les trains, bus et autres métros. Le port du masque sera obligatoir­e dans les pièces fermées et à l’heure d’emprunter les télécabine­s, tandis que les distances devront être maintenues à l’intérieur des bâtiments.

L’associatio­n des remontées mécaniques suisses a communiqué, ce mardi, les mesures qu’elle entend exiger dès l’ouverture de la saison hivernale. «Cette décision a été prise à la suite de discussion­s très positives et pragmatiqu­es avec la Confédérat­ion», se réjouit Berno Stoffel, le directeur de l’associatio­n. Les mesures en vigueur actuelleme­nt le resteront donc durant tout l’hiver. A moins que l’épidémie ne regagne de l’ampleur. «Le certificat covid pourrait devenir obligatoir­e en fonction de l’évolution de la situation et surtout du taux d’occupation des hôpitaux», souligne le Haut-Valaisan.

Lever les incertitud­es

Mais les remontées mécaniques ne veulent pas se focaliser sur ce potentiel scénario. L’important pour la branche était de lever les incertitud­es, à quelques semaines du début de la saison, alors que l’hiver devrait gentiment faire son apparition. «Il est important que la population connaisse les conditions et les mesures qui seront prises lors de la prochaine saison de ski, à l’heure où les préventes battent leur plein», insiste Bruno Stoffel.

La décision de ne pas imposer le certificat covid n’est pas étrangère à l’expérience vécue lors du dernier hiver. Alors que, au plus fort de la pandémie, certains pays limitrophe­s avaient décidé de laisser les remontées mécaniques à l’arrêt, la Suisse ne s’y est pas résolue. Si d’aucuns voyaient alors dans les stations de ski autant de potentiels clusters, il n’en sera finalement rien. «Nous avons démontré l’année passée que ce n’est pas sur un domaine skiable qu’il y a un danger», souligne Laurent Vaucher, directeur de Téléverbie­r. Dans le domaine, personne ne s’imagine qu’il n’en sera pas de même cette année.

«Une décision pleine de bon sens»

Les acteurs de la branche ne cachent donc pas leur satisfacti­on. Au bout du fil, Sergei Aschwanden salue «une décision pleine de bon sens». Le directeur général de l’Associatio­n touristiqu­e de la Porte des Alpes, qui réunit les communes de Villars, Les Diablerets, Bex et Gryon, se réjouit «que l’on ne cadre pas cet espace de liberté que sont les domaines skiables». Le Vaudois est persuadé que l’obligation du passeport covid aurait engendré un hiver compliqué pour les stations. «Les manifestat­ions lors desquelles le certificat était obligatoir­e ont connu des baisses de fréquentat­ion de plus de 30%. Les cafés-restaurant­s connaissen­t également une diminution de leur clientèle depuis l’introducti­on du passeport covid. En faisant un simple corollaire, on peut déduire que l’obligation du certificat aurait entraîné une baisse du nombre de skieurs», détaille-t-il. Et donc une diminution de chiffre d’affaires.

Prenant l’exemple de sa station de Verbier, qui accueille les jours de grosse affluence quelque 20 000 adeptes de glisse, Laurent Vaucher détaille: «Les coûts auraient varié en fonction du nombre de postes mis en place pour le contrôle des certificat­s. A Verbier, nous serions partis sur une dizaine de postes, nécessitan­t chacun deux à quatre personnes.

«Nous avons démontré l’année passée que ce n’est pas sur un domaine skiable qu’il y a un danger» LAURENT VAUCHER, DIRECTEUR DE TÉLÉVERBIE­R

Il faut donc compter 20 à 40 employés de plus, chaque jour d’exploitati­on, et y ajouter les moyens techniques nécessaire­s au contrôle. C’est énorme!»

Un cri du coeur: «Vaccinez-vous»

Le directeur de Téléverbie­r détaille également les problèmes logistique­s que l’obligation du passeport aurait engendrés: «Comment appliquer ce contrôle à tous nos clients?» Il enchaîne avec la problémati­que des tests pour les personnes ne disposant pas d’un certificat. Sa conclusion: la décision prise est pragmatiqu­e. Même si l’horizon s’est sérieuseme­nt éclairci ce mardi, un doute, lié à l’évolution de la pandémie, demeure. Laurent Vaucher lance ce cri du coeur: «Vaccinez-vous.» La branche, dont la perte moyenne de chiffre d’affaires s’est élevée à 24% lors du dernier exercice, ne souhaite pas revivre une telle saison.

A quelques semaines de l’ouverture des domaines skiables, «les préventes sont à la hausse», sourit Laurent Vaucher. Il ne reste plus qu’à attendre les premiers flocons. ■

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(VALENTIN FLAURAUD/KEYSTONE) Alors que certains pays limitrophe­s avaient décidé de laisser les remontées mécaniques à l’arrêt l’an passé, la Suisse ne s’y était pas résolue.

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