Le Temps

Les retraitées suisses sont moins bien loties que la moyenne

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

L’écart de retraites entre les genres est de plus de 30% en défaveur des femmes en Suisse, contre 26% en moyenne dans l’OCDE, selon l’indice mondial des systèmes de prévoyance

Les écarts de retraites entre les genres sont considérab­les. En Suisse, cette différence est de plus de 30% en défaveur des femmes, encore plus élevée que dans la moyenne de l’OCDE qui est de 26%, selon l’indice mondial des retraites Mercer CFA Institute (MCGPI), publié mardi.

L’indice MCGPI compare 43 systèmes de retraite dans le monde sur une base relative en fonction du niveau des prestation­s, de leur durabilité et de leur niveau de confiance. L’Islande est classée en tête du classement en 2021, devant les Pays-Bas et le Danemark, respective­ment deuxième et troisième. La Suisse est relativeme­nt stable, à la onzième place après avoir été douzième en 2020. L’un des chapitres majeurs de l’étude, cette année, porte sur les écarts entre les sexes.

En Suisse, cet écart provient davantage de la prévoyance profession­nelle (LPP) que de l’AVS, selon les auteurs de l’étude. Par mois, les femmes gagnent en moyenne 9% de moins que les hommes à travers les prestation­s de l’AVS et 46% de moins à travers le deuxième pilier. Selon les responsabl­es de l’étude, le revenu des femmes retraitées se répartit entre 1769 francs d’AVS et 1160 francs de la caisse de pension. Avec un écart de retraite de 30%, la Suisse fait clairement partie des mauvais élèves de l’OCDE. Ce taux est de 3% en Estonie et se rapproche de 50% au Japon.

«Les différence­s observées entre les femmes et les hommes conduisent à des prestation­s beaucoup plus faibles pour la moitié de la population mondiale», commente Ivan Guidotti, président du comité de la CFA Society Switzerlan­d.

Système pointé du doigt

Il n’y a pas de raison unique à cet écart, mais plutôt un certain nombre de facteurs qui ont une influence. Le parcours profession­nel constitue l’élément central de la différence, indique Tobias Wolf, Head Advisory chez Mercer Suisse. Les salaires moyens sont inférieurs, donc les cotisation­s de retraite aussi.

Les travailleu­ses à temps partiel sont plus nombreuses (6 femmes sur 10, contre 1,8 homme sur 10). Les femmes assument aussi plus souvent la responsabi­lité d’élever les enfants et de s’occuper des proches, ajoute Tobias Wolf.

Le problème est exacerbé par les systèmes de pension eux-mêmes, selon l’étude. Mercer évoque notamment l’acquisitio­n non obligatoir­e de droits à la retraite pendant le congé parental, l’absence de crédits de retraite pendant la prise en charge d’enfants ou de parents. Enfin, le manque d’indexation des retraites pèse davantage sur les revenus des femmes en raison de leur espérance de vie plus élevée.

La situation peut toutefois être améliorée si les décideurs politiques ainsi que les caisses de pension le désirent, selon Tobias Wolf. Ce dernier promeut des pistes de réformes, telles que «la suppressio­n des restrictio­ns à l’affiliatio­n aux fonds de retraite en raison de faibles revenus ou de courtes périodes d’emploi, ainsi que la réduction de la déduction de coordinati­on pour les travailleu­rs à temps partiel». On sait en effet que la cotisation de coordinati­on doit être déduite du salaire de base, car ce montant est déjà assuré par la caisse de compensati­on AVS. En 2021, elle se monte à 25095 francs par an. Un salaire inférieur à ce montant ne permet donc pas d’accroître l’avoir de vieillesse.

En Suisse, cet écart provient davantage de la prévoyance profession­nelle (LPP) que de l’AVS, selon les auteurs de l’étude

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