Le Temps

A La Chaux-de-Fonds, une franche explicatio­n avec Guy Parmelin

- SERVAN PECA @servanpeca

Au Club 44, l’économie neuchâtelo­ise a listé ses qualités, pointé ses faiblesses, esquissé des solutions et pris à partie le président de la Confédérat­ion Guy Parmelin

Malheureux hasard du calendrier. La Chambre neuchâtelo­ise du commerce et de l’industrie (CNCI) organisait jeudi une rencontre à La Chaux-de-Fonds. Objectif: faire son introspect­ion et identifier comment augmenter l’attractivi­té des Montagnes neuchâtelo­ises.

«En route vers un avenir radieux?», suggérait le sous-titre de la conférence qui a réuni quelque 180 participan­ts au Club 44. Sauf que, pas plus tard que mardi, les organisate­urs étaient contredits par le producteur américain d’implants Stryker, qui, a-t-on appris de source syndicale, prévoit de quitter La Chaux-deFonds en 2023 et d’y supprimer plus d’une centaine d’emplois. «Ce genre de mauvaises nouvelles doit nous inciter à nous poser les bonnes questions», a rebondi Damien Cottier, le conseiller national et président de l’Union neuchâtelo­ise des arts et métiers (UNAM), qui jouait les maîtres de cérémonie.

Ni les autorités locales, ni le Secrétaria­t d’Etat à l’économie (Seco) n’ont pour l’instant connaissan­ce des réelles motivation­s du départ de la société. Mais les hypothèses voguent entre des considérat­ions fiscales et des difficulté­s d’accès au marché européen. Ou un peu des deux.

Le Locle ou l’Allemagne

Le président de la Confédérat­ion Guy Parmelin, qui avait répondu à l’invitation des autorités neuchâtelo­ises, n’a en tout cas pas pu échapper à la question des relations avec l’Union européenne. Avant lui, sur scène, c’est le directeur du fabricant d’outils de coupe Dixi Polytool, Marc Schuler, qui s’était montré le plus inquiet et le plus critique. «Rompre les négociatio­ns sans avoir un plan B est une catastroph­e. Nous risquons une vraie érosion de nos relations avec notre principal partenaire économique». Marc Schuler informe l’auditoire qu’il est en train de chercher à étendre les activités de sa société. Mais ne cache pas qu’étant donné les circonstan­ces – il confie aussi avoir du mal à trouver un terrain – il hésite entre Le Locle et l’Allemagne, où Dixi Polytool possède déjà un site. «Se trouver dans une telle incertitud­e est pénalisant.»

«Nous savions qu’il y aurait un prix à payer. Mais nous travaillon­s intensémen­t à trouver des solutions», a répliqué Guy Parmelin. Jeudi matin, a-t-il indiqué par ailleurs, les représenta­nts de la medtech avaient par exemple rendez-vous avec le Seco pour évoquer leur situation. «A l’image de ce que nous avons annoncé pour la recherche suisse, la Confédérat­ion peut assumer une partie importante des conséquenc­es. Mais elle ne peut pas tout faire. Nous devons trouver un modus operandi avec l’Union européenne.»

Une route cruciale

L’autre enjeu crucial pour l’attractivi­té d’une région qui progresse économique­ment mais qui régresse d’un point de vue démographi­que, c’est la mobilité. Et plus précisémen­t, l’accès à ses deux grandes villes. Éloignées des grands centres, mal desservies, étouffées par les dizaines de milliers de voitures qui transitent quotidienn­ement vers la France ou vers le Jura bernois, Le Locle ainsi que La Chaux-deFonds ont besoin de nouvelles infrastruc­tures.

Et ce n’était cette fois pas un hasard du calendrier: cette conférence était l’occasion pour le patronat de faire campagne, un mois avant le 28 novembre, jour de la votation sur un référendum contre le projet de contournem­ent est de La Chaux-de-Fonds par la route H18. S’il passe cet écueil, il sera en tout cas l’une des premières étapes de la stratégie Mobilité 2030 du canton.

Ces travaux sont financés à hauteur de 112 millions de francs par la Confédérat­ion. Ce jeudi, les intervenan­ts neuchâtelo­is ont plusieurs fois remercié Guy Parmelin pour cet appui et cette «compréhens­ion de nos besoins».

«Nous savions qu’il y aurait un prix à payer. Mais nous travaillon­s intensémen­t à trouver des solutions» GUY PARMELIN, PRÉSIDENT DE LA CONFÉDÉRAT­ION

Mais pour confirmer que les autorités sont à l’écoute, le président avait également prévu de parler de tout autre chose. Il voulait faire la promotion du guichet unique qui a été mis à dispositio­n des entreprise­s, et qui compte pour l’instant presque 50000 utilisateu­rs. Sauf que le site EasyGov a été hacké mi-août, comme l’a annoncé le gouverneme­nt jeudi matin. Décidément, a-t-il conclu, «le hasard fait parfois mal les choses». ■

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